Trois ministres somaliens tués dans un attentat

La guerre civile sévit en Somalie depuis la chute du président Mohamad Siad Barre en 1991. Et depuis le mois de mai de cette année, elle s’est même intensifiée avec l’offensive lancée par des mouvements islamistes radicaux, les Shebab et le Hezb-a-Islam, qui ont par ailleurs du mal à s’entendre entre eux, quitte à s’affronter pour contrôler le port stratégique de Kismayo. En novembre, l’actuel chef de l’Etat, Sharif Sheikh Ahmed, a demandé l’aide de l’Arabie Saoudite pour lutter contre les groupes djihadistes ainsi qu’un soutien économique.

Seulement, le territoire contrôlé par l’administration somalienne se réduit comme une peau de chagrin, malgré le soutien international dont elle bénéficie. Le risque est de voir la Somalie devenir un nouveau sanctuaire pour le réseau al-Qaïda, auquel les milices Shebab ont officiellement fait allégeance, en plus d’être déjà le repaire des pirates qui sévissent dans l’océan Indien.

Conscients de ce danger, les Etats-Unis ont récemment reconnu avoir fourni « des armes et des munitions » au gouvernement fédéral de transition (TFG) somalien, malgré l’embargo de l’ONU. Quant à l’Union européenne, qui dispose déjà sur place d’une force navale pour les besoins de l’opération anti-piraterie Atalante, elle envisage de former 2.000 soldats loyalistes. C’est la France qui a poussé cette décision. En effet, et dans le cadre d’un accord bilatéral entre Paris et des autorités légales somaliennes, une trentaine de militaires français ont récemment entraîné, à Djibouti, 500 recrues somaliennes. Mais il n’est pas question d’envoyer des troupes en Somalie même : l’échec retentissant de la mission américaine Restore Hope de 1993 invite à la prudence.

Mais pour le moment, c’est à l’AMISOM, la force de paix déployée par l’Union africaine et armée par le Burundi et l’Ouganda, que revient la charge d’assurer la sécurité des institutions transitoires somaliennes et d’être en première ligne face aux miliciens des Shebab. D’ailleurs, elle en a lourdement payé le prix, le 17 septembre dernier, lors d’un double attentat-suicide perpétré à l’aéroport de Mogadiscio, contre son quartier général. Le bilan avait été de 17 tués parmis les membres de l’AMISOM, dont son numéro deux, le général burundais Juvénal Niyonguruza.

Pour s’emparer du contrôle de la Somalie, les Shebab ciblent surtout les membres du gouvernement fédéral de transition. Ainsi, le 17 juin, le ministre de la Sécurité intérieure, le colonel Hashi Aden, ainsi que 19 autres personnes avaient perdu la vie dans une attaque suicide commise à Beledweyne, situé à 300 km au nord de Mogadiscio.

Et le 3 décembre, ce sont trois autres ministres du TFG qui ont sans doute été les victimes des Shebab. Ils assistaient à une remise de diplômes à des étudiants en médecine de l’Université de Banadir quand un kamikaze, déguisé en femme, s’est fait exploser à l’intérieur de l’hôtel Shamo, situé dans un quartier de Mogadiscio encore contrôlé par le gouvernement et dans lequel se déroulait la cérémonie. Au total, cette attaque a fait au moins 60 blessés et 22 victimes, dont les ministres de l’Education supérieure, de l’Education et de la Santé.

Cependant, et si de lourds soupçons pèsent sur eux, les miliciens du Shebab n’ont pas revendiqué cette attaque. « Nous déclarons qu’Al Shebab n’a pas organisé cette explosion (…) Nous pensons qu’il s’agit d’un complot du gouvernement lui-même » a déclaré un porte-parole du mouvement, qui détient encore, faut-il le rappeler, un ressortissant français, enlevé le 14 juillet dernier à Mogadiscio et dont le sort suscite de l’inquiétude.

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