L’occasion manquée de capturer ben Laden

Décembre 2001. Les taliban ont été chassés de Kaboul et al-Qaïda est en fuite. Le chef du réseau islamiste, Oussama ben Laden, se cache alors dans la région montagneuse de Tora Bora, en Afghanistan. Et si l’on en croit un rapport publié par des sénateurs démocrates, il aurait alors suffi d’un millier de marines pour capturer l’ennemi public numéro 1.

Sauf que les choses ne se sont pas passées ainsi. Au lieu des renforts réclamés par les officiers américains alors « au contact », les responsables militaires, avec la bénédiction du secrétaire à la Défense de l’époque, Donald Rumsfled, auraient préféré envoyer un commando fort d’une centaine d’hommes avec des miliciens afghans tout en privilégiant les frappes aériennes. Selon le document, il s’agissait alors d’adopter une stratégie dite « d’empreinte légère » pour ne pas exacerber le sentiment anti-américain… Ce qui est pourtant arrivé un peu plus de deux ans plus tard avec le déclenchement des opérations en Irak.

Bien que rédigé à la demande de John Kerry, le candidat malheureux de l’élection de 2004 face au président sortant Georges W. Bush, ce rapport se veut impartial étant donné que les sénateurs démocrates se sont basés sur des documents déclassifiés et des entretiens avec les acteurs de l’époque. Et pour eux, le verdict est sans appel : « Les multiples atouts de la puissance militaire américaine (…) ont été laissés de côté ». La suite, on la connaît : Oussama ben Laden réussira à s’enfuir vers le Pakistan, où il ne semble actuellement nullement menacé.

« Eliminer le leader d’al-Qaïda du champ de bataille il y a huit ans n’aurait pas éliminé la menace terroriste pesant sur le monde » reconnaissent les auteurs du rapport. Mais les décisions prises au moment des faits « ont permis à ben Laden d’apparaître comme une figure symbolique qui continue d’attirer les fonds et d’inspirer des fanatiques dans le monde entier » poursuivent-ils. Et selon eux, cela a contribué « au renouveau taleb en Afghanistan, tout en attisant les tensions au Pakistan voisin ». Seulement, ce dernier point est discutable car l’on peut se poser la question de savoir ce qu’il en aurait été si le chef d’al-Qaïda était passé pour un martyr…

Cependant, les parlementaires démocrates se gardent bien de porter un jugement sur la politique menée par le prédecesseur de Georges W. Bush à la Maison Blanche. En effet, bien que les Etats-Unis aient été visés à plusieurs reprises par al-Qaïda (attentats d’al-Khobar, de Nairobi, de Dar es Salaam et contre l’USS Cole, sans oublier la première attaque contre le World Trade Center en 1993), on ne peut pas dire que l’administration de Bill Clinton ait montré plus d’efficacité pour neutraliser le chef d’al-Qaïda. Avec les conséquences que l’on sait.

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