Frappe de Kunduz : Le chef d’état-major allemand débarqué

Le 4 septembre dernier, un officier allemand avait demandé une frappe aérienne sur deux camions citernes subtilisés quelques temps auparavant par les taliban. Le danger était de voir ces véhicules, transformés en bombes volantes, lancées contre une base avancée de l’Otan. Seulement, le bombardement, effectué par un F15 américain, avait aussi fait un nombre relativement important de victimes civiles, ce qui provoqua une polémique entre l’Allemagne d’un côté et le général McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité, dont une des recommandations formulées à ses troupes est d’éviter les bavures de ce type.

L’Otan a récemment rendu un rapport au sujet de cet incident. Et il apparaît que le colonel Georg Klein, l’officier qui a demandé l’intervention de l’aviation, a enfreint les procédures d’engagement car il ne se trouvait pas au contact des insurgés au moment de sa requête. Mais la presse allemande, dans sa majorité, mais aussi Berlin, ont fait bloc derrière le militaire incriminé. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, le gouvernement aurait fait pression sur l’Otan pour que les conclusions de son enquête ne soient pas trop sévères avec le colonel Klein.

Au moment des faits, et devant les critiques formulés par les alliés de l’Allemagne, la chancelière Angela Merkel avait parlé de « jugements hâtifs ». « Au vu de toute les erreurs que cet officier aurait pu commettre, il est bien difficile aujourd’hui de critiquer sa réaction, même si malheureusement, les victimes de cette attaque de sont pas que des taliban » estimait, au début de ce mois, le Franfurter Allgemeine Zeitung. Pour le journal Die Welt, « Le commandeur des troupes internationales en Afghanistan (…) a manqué de loyauté vis-à-vis de ses alliés allemands. (…) McChrystal n’a pas été loyal, qu’il rende ses étoiles ».

Cependant, le nouveau ministre de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, avait reconnu, le 6 novembre dernier, l’existence de manquements de la part du colonel Klein. « Même s’il n’y avait pas eu d’erreur de procédure, le bombardement aérien aurait dû avoir lieu » avait-il alors déclaré. L’affaire aurait pu en rester là. Sauf que c’était sans compter sur de nouvelles révélations de la presse allemande.

En effet, selon le quotidien populaire Bild, des informations concernant la frappe de Kunduz auraient été dissimulées à l’opinion publique mais aussi au Parquet fédéral qui a ouvert une enquête. Si l’on en croit le journal, qui appuie ses dires sur un rapport de l’armée et une vidéo, le colonel Klein n’aurait donc pas respecté les règles d’engagement édictées par l’Otan.

Par ailleurs, Bild met en cause Franz Josef Jung, le prédecesseur de Karl-Theodor zu Guttenberg et actuellement ministre du Travail. Ainsi, ce dernier aurait été au courant bien plus tôt qu’il ne l’a admis par la suite de l’existence de victimes civiles. « J’avais à l’époque l’information du gouverneur et de la police de Kunduz », s’est-il justifié.

Cette affaire, qui intervient au moment où le Bundestag débat de la prolongation du déploiement de la Bundeswehr en Afghanistan, aura fait deux « victimes » de plus. « Je vais démettre, à sa demande, le chef d’état-major (le général Wolfgang Schneiderhan) de ses fonctions et le secrétaire d’Etat à Défense Peter Wichert assume aussi sa responsabilité » a ainsi annoncé, devant les parlementaires allemands, le ministre de la Défense.

Le désormais ancien chef d’état-major de l’armée allemande paie ainsi les déclarations qu’il avait faites le mois dernier et selon lesquelles il avait indiqué ne « pas avoir de raison de douter que les soldats allemands, sur la base du mandat des Nations unies et étant donné la situation difficile, aient agi de façon militairement correcte ».

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