Ingérence de Chavez au Paraguay?

Le président vénézuélien, Hugo Chavez, est la figure de proue de la vague antilibérale qui a fait tomber, en Amérique du Sud, plusieurs gouvernements conservateurs et proches des Etats-Unis. Cela ne va pas sans provoquer quelques tensions internes, comme par exemple au Honduras où le président Manuel Zelaya a été déposé par les militaires en raison de ses positions pro-chavez.

Ancien évêque de gauche, Fernando Lugo, le président paraguayen élu en 2008, ne souhaite pas subir le même sort que son homologue hondurien. Et pour cela, il a pris quelques précautions.

En effet, le 17 octobre dernier, le président Chavez avait fait part de ses soupçons concernant les intentions de l’opposition paraguayenne en l’accusant « de préparer un coup d’Etat » en mettant en avant un réarmement de la Bolivie, pays avec lequel le Paraguay a été en guerre en 1932. En fait, il semblerait surtout que la « faute » de cette opposition au président Lugo est d’avoir critiqué les liens qu’entretient son entourage avec le chef d’Etat vénézuélien.

Du coup, parce que, selon lui, « certains petits groupes de militaires (…) peuvent être utilisés par la classe politique », Fernando Lugo a limogé, le 5 novembre, les chefs d’état-major de l’armée de Terre, de la Marine et des forces aériennes paraguayennes.

Et comme cela ne suffisait pas, le contre-amiral Cibar Benitez, qui était jusque-là le chef d’état-major des armées, a été remplacé, deux jours plus tard, par un homme de confiance du président, c’est à dire par le général Oscar Velazquez, l’ancien patron de l’armée de Terre. « Ces décisions sont prises pour donner des chances à d’autres » aurait déclaré Fernando Lugo.

En fait, le président paraguayen est dans une situation délicate. Les écarts qu’il a admis avoir commis alors qu’il était encore évêque – trois demandes de paternité sont en cours – ont choqué une opinion publique à 90% catholique. Le pays est en proie à une hausse significative des violences et il fait partie des plus pauvres de la région.

Sur le plan politique, Fernando Lugo rencontre de grandes difficultés car il risque ni plus ni moins une procédure de destitution, lancée par son opposition qui a réussi à se fédérer pour l’occasion. Dans ces conditions, la chasse aux sorcières qu’il vient de mener à la tête de l’armée paraguayenne n’est pas de très bon augure.

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