Fusillade à la base américaine de Fort Hood (MàJ)

Une fusillade a fait au moins 12 tués et 31 blessés, ce 5 novembre, à la base de Fort Hood, au Texas. L’incident s’est en fait déroulé en deux temps. Un homme a ouvert le feu dans un bâtiment abritant le Centre de préparation des soldats, où des militaires subissaient des examens médicaux avant un départ prochain vers un théâtre d’opérations extérieur.

Ensuite, le tireur s’est dirigé vers une salle où était organisée une cérémonie de remise de diplômes et qui rassemblait 600 personnes. Et c’est là que l’agresseur a été appréhendé, après avoir été blessé par des tirs de riposte. Contrairement à ce qui avait été initialement annoncé , il n’a donc pas été tué. Son état est jugé « stable ».

L’identité du tireur est désormais connue. Il s’agit du commandant (major dans l’armée américaine) Nidal Malik Hasan, un officier psychiatre né aux Etats-Unis mais dont les parents sont d’origine palestinienne. L’enquête en cours ne s’orienterait pas vers l’hypothèse d’un acte terroriste mais aucun mobile n’a pour l’instant été officiellement avancé pour expliquer le geste du militaire.

Cependant, il y a quelques zones d’ombre dans le parcours du commandant Hasan, âgé de 39 ans. Avant d’être affecté à Fort Hood, ce diplômé de l’université militaire de Bethesda (Maryland) avait travaillé pendant 6 ans au centre médical Walter Reeed, où il était interne. Mais selon sa hiérarchie, il avait connu des problèmes relationnels avec ses patients.

Il y a 6 mois, le commandant Hasan avait éveillé les soupçons du contre-terrorisme américain en raison d’un échange de courriels dans lesquels il avait évoqué les attentats-suicides et fait un parallèle entre les kamikazes et le sens du sacrifice des soldats. Le colonel Terry Lee, qui a travaillé avec lui, a affirmé à la chaîne d’informations Fox News qu’Hasan était en désaccord avec les conflits en Irak et en Afghanistan et qu’il se disputait régulièrement avec d’autres militaires qui ne partageaient pas ses opinions.

Affecté prochainement en Irak, le commandant Hasan aurait tout fait pour éviter d’y aller. Cela aurait dû être son premier déploiement à l’étranger, ce qui exclut de facto qu’il ait été victime de stress post-traumatiques. On sait également que, pendant ses études, il a fréquenté une mosquée à Silver Sprint, où il s’était présenté comme étant un palestinien, au grand étonnement de l’imam qui savait que l’officier était né aux Etats-Unis.

Geste terroriste ou pas, il n’en demeure pas moins que la fusillade qu’il a déclenchée lui vaut les honneurs des militants islamistes sur les forum Internet et bien évidemment, cela risque poser des problèmes à la communauté musulmane vivant aux Etats-Unis, comme cela avait été le cas au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Aussi, des associations confessionnelles, comme Cair, ont condamné le geste du commandant Hasan.

« Nous condamnons cette lâche attaque dans les termes les plus forts et demandons que les auteurs (de cette tuerie) soient condamnée » a déclaré par voie de communiqué l’association Cair. « Aucune idéologie politique ou religieuse ne peuvent justifier ou excuser une telle violence gratuite et aveugle. L’attaque était d’autant plus haineuse qu’elle ciblait les volontaires de l’armée qui protègent notre nation » peut-on encore y lire. L’association Cair a été, par le passé, à l’origine d’une pétition intitulée « Pas au nom de l’Islam » afin de dénoncer les actes terroristes commis par les djihadistes.

Quoi qu’il en soit, la fusillade de Fort Hood est la plus meurtrière jamais commise sur une base américaine. Le dernier incident de ce type remonte à mai dernier. A l’époque, le sergent John M. Russell avait ouvert le feu dans un hôpital militaire de Bagdad, tuant cinq de ses camarades. En septembre 2008, un incident similaire s’était produit au camp militaire américain d’Iskandariyah, au sud de Bagdad (2 tués). Trois ans plus tôt, un soldat avait tué deux officiers près de Tikrit, toujours en Irak. Enfin, en 2003, un militaire avait lancé des grenades dans trois tentes d’un camp militaire américain au Koweït.

La base de Fort Hood, avec ses 40.000 militaires et ses milliers de salariés civils est le premier employeur de l’Etat du Texas. Surnommé « The Great Place » (un endroit formidale), elle est réputée pour sa qualité de vie. Le IIIe Corps de l’US Army, le IIIE Corps Special Troops Battalion, la 1st Cavalry Division et le 3rd Armored Cavalry Regiment y sont notamment stationnés. Par ailleurs, elle accueille également des soldats ayant servi en Irak et en Afghanistan, victimes de stress post-traumatiques.

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