Les drones d’attaque mis en cause par un expert de l’ONU

Il y a quelques mois, l’efficacité des raids menés à l’aide de drones d’attaque tel que le MQ-1 Predator avait été jugée peu satisfaisante. En effet, sur la totalité des frappes ciblées accomplies entre janvier 2006 et avril 2009 au Pakistan, 687 civils ont été tués pour 14 dirigeants d’al-Qaïda, soit un rapport de un pour cinquante et un taux de réussite de seulement 6%, dont la faiblesse s’explique en partie par des renseignements érronés, voire manipulés par des responsables tribaux soucieux afin d’éliminer des rivaux.

Sur un plan opérationnel, ce mauvais rendement n’est pas sans conséquences. Ainsi, dans les colonnes du New York Times, David Kilcullen, un expert de la contre-insurrection, avait fait une mise en garde contre un usage abusif des drones de combat. « Chaque mort d’un non-combattant représente une famille hostile, un nouveau désir de revanche et plus de recrues pour un mouvement qui s’est développé de manière exponentielle, alors que les frappes par drones augmentaient » avait-il alors écrit.

Mais outre ces considérations, Philip Alston, rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, a estimé que ces frappes ciblées réalisées à l’aide de drone constituent une violation du droit international.

« Le problème avec les Etats-Unis est qu’ils ont de plus en plus recours aux drones prédateurs, dans les conflits dans lesquels ils sont impliqués. C’est particulièrement le cas actuellement avec le Pakistan et l’Afghanistan » a-t-il déclaré.

« Ma préoccupation est que ces drones sont utilisés selon un mode opératoire qui pourrait bien constituer une violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme » a-t-il estimé.

Et Philip Alston de poursuive : « il incombe au gouvernement américain d’en révéler davantage sur la façon dont il s’assure que l’utilisation de telles armes ne revient pas en fait à commettre des exécutions arbitraires extrajudiciaires ». Voilà de faire réfléchir Joe Biden, le colistier du président Obama, partisan de frappes ciblées contre al-Qaïda plutôt que de renforcer de manière significative les troupes américaines présentes en Afghanistan afin de mettre en oeuvre la stratégie contre-insurrectionnelle recommandée par le général McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).

L’expert des Nations unis s’interroge notamment sur « certains aspects » du programme américain concernant les drones d’attaque, sur les « mécanismes de responsabilité » ainsi que sur les « précautions prises pour assurer que ces armes sont utilisées dans des buts compatibles avec le droit international ».

Il est en tout les cas certain que les auteurs de l’attentat de Peshawar du 28 octobre (105 tués selon un dernier bilan) ne se sont pas demandés si l’action qu’ils s’apprêtaient à commettre était « compatible avec le droit international »…

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