Les taliban frappent une nouvelle fois à Kaboul

Actuellement, près de 2.000 employés des Nations unies sont présents à Kaboul afin de préparer le second tour de l’élection présidentielle afghane, prévu le 7 novembre prochain. Et comme en août dernier, les taliban ont affirmé leur hostilité envers ce scrutin, qualifié de « processus américain » et appelé à « lancer des attaques contre les bases ennemies » ainsi qu’à dissuader les électeurs de se rendre aux urnes.

Mais les insurgés s’en sont également pris aux civils étrangers chargés d’organiser la prochaine élection, en attaquant, ce 28 octobre, à l’aube, la maison d’hôte « Bekhtar Guesthouse » où étaient hébergés des employés du Programme des Nations unies pour le développement (UNDP).

L’assaut a été donné par trois terroristes lourdement armés ayant revêtu des uniformes de la police afghane, ce qui leur a sans doute permis de déjouer la vigilance des agents de sécurité népalais chargés de surveiller la maison d’hôtes, située près du ministère de la Femme. Ainsi, pendant près de trois heures, les policiers afghans et les assaillants, équipés de ceintures d’explosifs, vont échanger des tirs d’armes automatiques. Des grenades et des roquettes auraient même été utilisées.

Le calme est finalement revenu vers 8h30 (4h00 GMT). Mais au cours des combats, cinq employés de l’ONU ont été blessés et six autres ont perdu la vie, de même que deux gardes et un civil. Les trois terroristes ont été tués.

« Nous revendiquons (l’attaque). Ceci est la première étape, nous avions dit que nous allions perturber le second tour de l’élection » a déclaré Zabihullah Mujahed, un porte-parole des taliban.

« Nous resterons engagés en Afghanistan » a pour sa part indiqué Kai Eide, le chef de mission de l’ONU dans le pays. Cet attentat  » ne dissuadera pas (…) l’ONU de continuer son travail pour construire, reconstruire et assurer un meilleur avenir pour le peuple afghan » a-t-il ajouté, en précisant qu’il regarderait « si de nouvelles mesures (de sécurité) sont nécessaires ». Le président Karzaï, qui a dénoncé l’attaque « haineuse » et « inhumaine » contre la maison d’hôte a promis une « sécurité renforcée » pour les organisations étrangères.

Cet attentat a été suivi par le tir de deux roquettes contre l’hôtel de luxe Serena, où résident habituellement les étrangers venus dans la capitale afghane. Aucune victime n’est à déplorer. Mais c’est la seconde fois que cet établissement est la cible d’une attaque. La première, commise en janvier 2008, avait fait 7 tués. Le palais présidentiel a également été visé de la même manière.

Cela étant, l’attentat suicide contre la maison d’hôtes est le sixième perpétré par les taliban à Kaboul en un peu plus de deux mois. Ainsi, le 15 août dernier, le quartier général de l’ISAF avait été l’objet d’un attentat (7 civils tués), de même qu’une base américaine (10 morts), l’aéroport militaire (3 morts), un convoi de l’Otan (6 militaires italiens et 10 civils tués) et l’ambassade indienne (17 tués).

Par ailleurs, la situation dans le sud de l’Afghanistan reste toujours délicate. Dans la journée du 27 octobre, huit militaires américains ont été tués lors de l’explosion de deux engins explosifs improvisés (IED). « Plusieurs soldats ont également été blessés dans ces incidents et ont été transportés dans un centre médical régional pour être soignés » a indiqué un communiqué de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF). La veille, 11 soldats américains, ainsi que 3 civils de la DEA (agence anti-drogue) avaient perdu la vie dans la chute de trois hélicoptères.

Avec 53 tués, ce mois d’octobre est le plus meurtrier pour l’armée américaine depuis son engagement en Afghanistan, en 2001. Ces nouvelles pertes portent à 445 le nombre de militaires étrangers tués dans le pays. Parmi eux, 277 sont américains.