L’opium, principale arme des taliban afghans

Selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), près de 92% de la production mondiale d’opium vient d’Afghanistan.Et cette tendance n’est pas prête de s’inverser, du moins à court terme : il est en effet estimé que la récolte afghane de pavot pour l’année 2009 atteindra 6.900 tonnes (-10%), ce qui reste encore suffisant pour saturer un marché évalué à 65 milliards de dollars et constituer un stock conséquent d’environ à 12.000 tonnes.

Bien évidemment, cela n’est pas sans poser des problèmes d’ordre de santé publique. Environ 15 millions de personnes consomment des produits opiacés dans le monde et 100.000 toxicomanes en meurent chaque année. Et cela, c’est sans compter sur la propagation du virus du sida à cause des seringues réutilisées pour les injections d’héroïne, une drogue obtenue à partir de l’opium.

« Le commerce de l’opium afghan induit de la consommation et des dépendances dans les pays que traversent ce trafic avant d’atteindre les principaux marchés de consommateurs en Europe (où il y aurait 3,1 millions d’héroïnomanes, ndlr). Il contribue à la diffusion du sida et d’autres maladies de sang » peut-on lire dans le rapport.

Pour les pays de l’Otan, on compte annuellement 10.000 décès dus à la consommation d’opiacés, un chiffre cinq fois supérieurs aux pertes militaires enregistrées en Afghanistan depuis 2001. En fait, il apparaît ainsi que l’arme des taliban la plus efficace reste l’opium. Car évidemment, les insurgés afghans sont les premiers à profiter de cette production d’opium, qui leur permet de financer leurs actions de guérilla, à hauteur de 90 à 160 millions de dollars. Il faut savoir qu’un kilo d’héroïne permet d’acheter 15 fusils AK-47 (Kalachnikov).

Et ils ne sont pas les seuls à vivre de ce trafic, qui rapporte annuellement, à l’Afghanistan, un total de 3 milliards de dollars, dont 2,3 milliards vont dans la poche des trafiquants et 700 milliards dans celle des producteurs, rançonnés par ailleurs par les taliban. L’argent du marché des opiacés alimente également des groupes criminels et mafieux d’Asie centrale, des Balkans et de Russie, ce qui risque d’alimenter « un terrorisme à grande échelle menaçant les ressources énergétiques » note l’ONUDC.

L’organisme des Nations unies pointe particulièrement les régions tribales pakistanaises, frontalières avec l’Afghanistan. C’est par ces zones de non-droit que transite près de 40% de la production afghane d’opium. Et c’est aussi dans ces endroits que sont stockées, en grande partie, les feuilles de pavot qui n’ont pas trouvé encore preneur.

Etant donné qu’il est plus facile de lutter contre ce problème à sa source plutôt que de le traiter sur les lieux où est consommée cette drogue, il revient donc aux forces de l’Otan déployées en Afghanistan d’éradiquer, sinon de faire baisser, cette production d’opium. Leur action a déjà eu pour conséquence de faire diminuer de 22% les surfaces agricoles dédiés au pavot. Seulement, il y a la corruption et même certains intérêts à ménager… D’après le document de l’ONUDC, 60% des parlementaires afghans ont des liens avec des trafiquants d’opium ou des producteurs.

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