Un scientifique américain voulait espionner pour Israël

Chercheur de haut vol, Stewart Nozette, 52 ans, avait attiré l’attention particulière du FBI après un voyage à l’étranger en janvier dernier. Parti avec deux clés USB, il serait revenu les mains vides. Evidemment, pour remarquer ce détail, il fallait que ce scientifique fasse l’objet d’une surveillance particulière, ce qui est aisément compréhensible quand on sait que, de par ses fonctions, il a pu avoir accès à des documents confidentiels, concernant la défense américaine et le nucléaire.

En effet, titulaire d’un doctorat en astronomie délivré par le prestigieux Massachussetts Institute of Technology (MIT), Stewart Nozette a occupé un poste à la Maison Blanche, entre 1989 et 1990, puis au département de l’Energie jusqu’en 1999 où il était habilité à consulter les données concernant l’armement nucléaire. Et, de 2000 à 2006, il a travaillé pour le compte de la Nasa et celui du Pentagone, via une fondation à but non lucratif.

« Entre 1989 et 2006, il avait accès à des informations classées ‘top secret’ et, régulièrement et fréquemment, à des documents en lien avec la défense américaine » a indiqué le département à la Justice. Parce que le chercheur en question est désormais sous les verrous.

En fait, ce qui a poussé les limiers du contre-espionnage américain à s’intéresser plus particulièrement à Stewart Nazette sont ces rapports avec une société contrôlée par le gouvernement israélien, pour laquelle il a travaillé, de 1998 à 2008, en qualité de consultant. Durant cette période, le scientifique aurait perçu de cette entreprise près de 225.000 dollars pour répondre à des questionnaires. C’est donc sur la base d’un faisceau d’indices indiquant de possibles activités d’espionnage que la police fédérale a alors décidé de le confondre.

Ainsi, un poicier du FBI s’est tout simplement fait passer pour un agent du Mossad et a approché Stewart Nozette. Le 3 septembre dernier, lors d’un premier contact, le scientifique accepte de founir « des informations régulières » à celui qu’il prend alors pour un espion israélien. Au cours de la seconde rencontre, il promet d’autres documents, sur la base des souvenirs concernant « ceux qu’il avait consultés », étant donné qu’il n’avait plus accès à certaines données sensibles. Et Nozette est tout à fait disposé à dévoiler tout ce qu’il sait. En effet, il aurait, de son propre chef, proposé de donner d’autres informations portant sur « l’armement nucléaire, les satellites militaires et d’autres systèmes d’armement ».

Du coup, le poisson ayant mordu à l’hameçon, il ne restait plus qu’à le sortir de l’eau. Le FBI lui a alors adressé deux questionnaires sur des satellites, en échange de 2000 et de 9000 dollars, via la poste restante, afin d’obtenir des preuves contre le scientifique. Selon le département à la Justice, Stewart Nozette aurait alors fourni des informations classées « secret défense » et « top secret » sur « des satellites américains, des systèmes d’alerte avancée, des moyens de défense ou de représailles contre des attentats à grande échelle et des éléments stratégiques cruciaux ».


« La plainte n’implique ni l’Etat d’Israël, ni aucun agent travaillant en son nom » a fait valoir la justice américaine. En fait, les motivations du chercheur étaient seulement financières. « Les faits reprochés sont graves et devraient servir d’avertissement à tous ceux qui envisagent de compromettre les secrets de notre pays par appât du gain » a déclaré, par voie de communiqué, David Kris, le responsable de la sécurité nationale au département de la Justice. Pour ses indiscrétions et son avidité, le chercheur risque la prison à perpétuité s’il est jugé coupable des faits qui lui sont reprochés. A noter toutefois que l’on ignore toujours le sort des clés USB que Nozette avait emporté avec lui lors de son séjour à l’étranger, ni ce qu’elles contenaient…

Cela étant, plusieurs affaires d’espionnage impliquant Israël ont été révélées aux Etats-Unis ces dernières années. Ainsi, en 2001, un rapport remis au FBi par une commission d’enquête composée par des agents de différents services de sécurité avait révélé le démantèlement, sur le sol américain, d’un réseau d’agents israéliens qui se faisaient passer pour des étudiants en art. Le document en question avait relevé que « leur activité ne semble pas compatible avec leur formation », étant donné qu »ils avaient pour la plupart, un passé dans le renseignement militaire, ce qui avait conduit les auteurs du rapport à conclure à l’existence d’une « activité organisée de renseignement ». En réponse, le FBI avait fait valoir, à l’époque, qu' »aucun israélien n’avait été déféré devant la justice américaine pour espionnage ».

Mais l’affaire la plus emblématique reste celle de Jonathan Pollard. Analyste à l’US Navy, il avait alors fourni des milliers de documents confidentiels au Mossad, entre 1984 et novembre 1985, date de son arrestation. L’espion a été condamné, en 1987, à la prison à perpétuité et tous les présidents qui se sont succédés depuis à la Maison Blanche ont refusé ses demandes de grâce. Et cet épisode avait quelque peu ébranlé la relation israélo-américaine…

Enfin, plus récemment, un ancien ingénieur de l’armée américaine, Ben-Ami Kadish, 85 ans, a été arrêté par le FBI en avril 2008 pour avoir livré à Israël, entre 1979 et 1985, des informations concernant les avions de combat F-15 et les systèmes de défense antimissile Patriot. Ces activités avaient été découvertes par la police fédérale grâce à une communication téléphonique avec son ancien officier traitant du Mossad… qui serait le même que celui de Jonathan Pollard.

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