Le Japon souhaite revoir ses relations militaires avec les Etats-Unis

L’été dernier, le Japon a connu sa seconde alternance politique en 54 ans, avec la cuisante défaite du Parti libéral démocrate (conservateur) face au Parti démocrate, de tendance de centre-gauche.

Et comme l’ancienne opposition est maintenant aux manettes, elle a désormais l’opportunité de traduire en acte ce qu’elle réclamait auparavant, notamment au sujet de la présence militaire américaine dans l’archipel nippon.

Ainsi, et pour commencer, un des vice-ministres de la Défense, Akihisa Nagashima, a annoncé, le 15 octobre, l’arrêt de la mission navale japonaise de soutien logistique au profit de la Coalition internationale sous commandement américain en Afghanistan, dès que son mandat arrivera en terme, c’est à dire en janvier prochain.

En échange, Tokyo a l’intention de proposer à Kaboul des projets d’aide au développement, avec à la clé, une promesse de 2 milliards de dollars de don. Cette nouvelle ne constitue pas vraiment une surprise, étant donné que le Parti démocrate s’est toujours opposé à la participation de la marine nippone à la lutte contre le terrorisme, commencée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, en mettant en avant le « pacifisme » du Japon.

Mais l’arrêt de la mission navale japonaise au profit de la Coalition n’est qu’un début. En effet, le nouveau ministre de la Défense, Toshimi Kitazawa, compte bien revoir le statut « humiliant » pour la population qui s’applique aux 47.000 militaires américains actuellement basés au Japon, principalement sur l’île d’Okinawa.

La situation actuelle est l’héritage de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, quand les vainqueurs ont imposé leurs vues aux vaincus. Le statut des militaires américains affectés au Japon date du traité de coopération et de sécurité signé en 1960 à Washington.

Il indique, entre autre, que les soldats américains suspects d’avoir commis des crimes doivent être soumis à la juridiction des Etats-Unis. En fonction de la gravité des faits, ils peuvent être remis aux autorités japonaises, seulement après que la notification de leur inculpation. Et justement, par le passé, plusieurs incidents impliquant des militaires américains ont choqué la population nippone, comme par exemple l’affaire du viol collectif d’une fillette de 12 ans en 1995.

« Les habitants d’Okinawa, dans leur ensemble, ressentent cet accord comme une humiliation » a avancé Toshimi Kitazawa. « Nous allons proposer sa révision lors de la venus de M. Gates (qui doit se rendre au Japon la semaine prochaine, ndlr) », a-t-il ajouté. En plus de ça, cette présence militaire troublerait la tranquilité des Japonais.

« Les gens qui vivent près des bases américaines nous disent ‘s’il vous plaît, fermez les bases américaines, arrêtez les nuisances sonores' » a poursuivi le ministre de la Défense. « Nous voulons mettre un terme aux souffrances et au fardeau endurés par les habitants d’Okinawa (…) qui placent de grands espoirs de changement dans le nouveau gouvernement » a-t-il déclaré.

Cela étant, le Toshimi Kitazawa ne remet pas en cause « l’extrême importance » du traité de sécurité entre son pays et les Etats-Unis mais il s’agit, selon lui, de « construire une nouvelle relation répondant aux exigences de l’époque actuelle ».

Cette volonté de refonder les relations militaires intervient quelques mois après l’essai nucléaire et le tir d’un missile censé mettre un satellite en orbite par la Corée du Nord. A l’époque, les Etats-Unis avaient alors déployé des frégates Aegis antimissile, ainsi qu’un escadron d’avions de chasse F22 Raptor pour protéger l’archipel nippon d’une éventuelle menace nord-coréenne.

En complément : Le Japon et les bases américaines, Nihil novi sub sole, 3 mars 2009

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