L’ingénieur d’al Qaïda voulait attaquer une caserne française

Arrêté le 8 octobre à Vienne (Isère) par les policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Adlène Hicheur, un physicien franco-algérien de 32 ans, a été mis en examen, lundi, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » puis, selon les réquisitions du Parquet de Paris, placé en détention provisoire. Son frère, âgé de 25 ans, interpellé le même jour que lui, a été remis en liberté sans qu’auncune charge ne soit retenue contre lui.

C’est lors du démantèlement d’une filière de recrutement islamiste en Belgique, en décembre 2008, que l’ingénieur s’est fait remarquer. Au début de cette année, les services de renseignement américains interceptent des messages cryptés sur Internet et en informent la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et la DCRI.

Placé sous surveillance, le services antiterroristes constatent qu’Adlène Hicheur est en contact avec l’un des responsables d’Al Qaïda au Maghreb islamique, le réseau terroriste algérien autrefois appelé Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) avant de devenir une franchise de l’organisation d’Oussama ben Laden en 2007. Et il s’avère que l’AQMI a menacé la France à plusieurs reprises.

Selon la DCRI, l’ingénieur aurait donc proposé, lors de ses échanges avec le responsable du réseau algérien, des cibles potentielles à frapper et aurait ainsi fourni des renseignements sur la caserne d’une unité ayant été engagée en Afghanistan ainsi que sur des « objectifs économiques ».

Le profil d’Adlène Hicheur ne correspond pas à l’idée que se fait généralement l’opinion publique du terroriste islamiste. Né en décembre 1976 à Sétif, en Algérie, le contact de l’AQMI a connu jusque là un parcours brillant. Titulaire d’un doctorat obtenu en 2003 au laboratoire de physique des particules (LAPP) d’Annecy-le-Vieux, Hicheur a travaillé à Stanford, la célèbre université californienne, sur un projet d’accélérateur de particule. Depuis trois ans, il est chargé de cours à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et a eu accès aux installations du Centre européen pour la récherche nucléaire (CERN).

Cela étant, plusieurs affaires récentes de terrorisme en France montre une certaine tendance quant au profils des personnes interpellées. De plus en plus, en effet, les policiers ont à faire avec des individus fanatisés mais isolés, qui n’appartiennent pas à une cellule. C’est notamment le cas de Rany A., jeune diplômé en électronique et converti à l’islam radical. En décembre 2008, il avait été arrêté alors qu’il préparait un attentat à la voiture piégée contre les locaux de la DCRI à Levallois-Perret. Il avait effectué ses repérages et ses préparatifs seulement avec un complice, sans pour autant avoir une structure derrière lui. Il s’était fait également repérer en échangeant des messages codés avec un djihadiste d’origine française.

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