Des armes allemandes vendues au marché noir au Pakistan et en Afghanistan

En 2008, l’armée américaine s’était rendu compte que les taliban tiraient des munitions de fusils AMD-65, une arme d’origine hongroise, censée être uniquement en dotation dans la police afghane étant donné qu’elle en reçu des milliers d’exemplaires fournis par les Etats-Unis. Et en avril de cette année, les militaires du 26th Infantry de l’US Army avaient découverts, sur les corps d’insurgés tués lors d’un accrochage, des cartouches qui avaient été fournies par l’armée américaine à son homologue afghane.

Ce qu’il s’est passé pour les fusils AMD-65 s’est également produit pour les pistolets Walther P1 offerts par l’Allemagne aux forces de sécurité afghane. En effet, selon la radio allemande NDR, il serait possible d’acheter ce type d’arme pour 1.000 dollars au marché noir en Afghanistan et au Pakistan.

Sur les 10.000 pistolets d’occasion cédés par l’Allemagne en janvier 2006 aux autorités afghanes, des centaines d’exemplaires circuleraient sur les marchés parallèles. La principale raison avancée pour expliquer ce phénomène serait que les policiers afghans qui quittent l’uniforme oublieraient de rendre leur arme. Mais l’explication la plus convaincante reste encore la corruption.

Le ministère allemand de la Défense, qui a confirmé la livraison des Walther P1 aux forces de sécurité afghane, va ouvrir une enquête pour vérifier les informations avancées par la radio NDR.

« Bien sûr, nous allons mener l’enquête pour savoir s’il y a des indications (que les armes ont disparu), mais actuellement, nous n’avons pas de preuve » a déclaré son porte-parole, Thomas Raabe, lors d’un point de presse tenu le 12 octobre. « Peut-être devrions-nous discuter de la nécessité de règles plus strictes. Cependant, je voudrais souligner que nos règles actuelles sont déjà très strictes » a-t-il encore ajouté.

Ce phénomène d’armes proposées à la vente au marché noir n’est pas nouveau. Entre décembre 2004 et juin 2008, sur les 247.000 armes qui ont été livrées aux forces de sécurité afghanes, 87.000 n’ont pas été répertoriées, si l’on en croit un rapport publié en février par le Governement accountabilité office (GAO), l’équivalent américain de la Cour des comptes françaises. Il n’y aurait, par ailleurs, plus aucune trace de 135.000 armes légères distribuées par les membres de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), dirigée par l’Otan.

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