OTAN : Rasmussen a pris ses fonctions de secrétaire général

Désigné lors du sommet de l’Alliance atlantique de Strasbourg-Kehl en avril dernier pour succèder à Jaap de Hoop Scheffer, l’ancien Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen a pris ses fonctions, le 3 août, de secrétaire général de l’Otan.

Sa nomination avait alors suscité des réserves de la part de la Turquie, en raison de son attitude lors de l’affaire des caricatures de Mahomet où il avait défendu la liberté d’expression, ce qui lui avait valu des critiques, pour ne pas dire plus (l’ambassade danoise a été la cible d’un attentat au Pakistan en juin 2008). Pour Ankara, le choix d’Anders Fogh Rasmussen était un mauvais signal envoyé au monde musulman, alors que l’Otan était engagée militairement en Afghanistan. Finalement, des concessions accordées sous l’égide du président américain Barack Obama avaient permis de lever la menace d’un veto turc

Plusieurs dossiers importants attendent l’ancien Premier ministre danois. La situation en Afghanistan est sans nul doute le plus délicat actuellement, avec l’intensification des opérations de guérilla menées par les taliban et leurs alliés à l’approche de l’élection présidentielle du 20 août prochain.

« Au cours de mon mandat, j’espère que nous parviendrons à aider les Afghans à prendre en charge leur sécurité (…), mais que cela soit clair pour les taliban, cela n’est en rien une stratégie de sortie » a déclaré M. Rasmussen lors de sa première conférence presse tenue au siège de l’Alliance atlantique à Bruxelles. « L’Otan ne se prépare pas à partir. Nous resterons en soutien aussi longtemps que cela sera nécessaire » a-t-il ajouté, tout en rejettant l’idée d’un calendrier de retrait. « L’effort doit être international, militaire et civil avec une plus grande part de l’effort faite par les Afghans eux-même » a-t-il encore précisé.

Par ailleurs, M. Rasmussen n’a pas exclu l’éventualité d’envoyer davantage de troupes en Afghanistan. L’enjeu est d’éviter que ce pays « ne redevienne une plaque tournante du terrorisme international. Et il n’est pas question pour lui de débattre sur « la légitimité de la mission », cette question ayant été déjà tranchée et avalisée par l’ONU puisque la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) agit sous son mandat.

Autre dossier sur la table : les relations de l’Otan avec la Russie, mises à mal ces dernières années avec l’élargissement de l’Alliance à d’anciens pays du Pacte de Varsovie et le conflit géorgien d’août de l’an passé. « Je ne suis pas un doux rêveur. Il y aura des sujets fondamentaux sur lesquels nous ne serons pas d’accord » a averti le nouveau secrétaire général de l’Otan.

« La Russie doit remplir intégralement ses obligations internationales, y compris en respectant l’intégrité territoriale et la liberté de ses voisins » a-t-il déclaré, en faisant ainsi allusion à la Géorgie, pays par ailleurs candidat à une intégration au sein de l’Alliance. Mais sur le fond, M. Rasmussen souhait établir « un vrai partenariat stratégique avec la Russie ». « Il existe clairement un champ d’action pour travailler ensemble sur le contre-terrorisme, l’Afghanistan, la contre-prolifération, l’anti-piraterie et de nombreux autres domaines » a-t-il estimé.

Enfin, la mise au point du nouveau concept stratégique de l’Otan, qui doit être prédenté lors d’un sommet à Lisbonne en 2010, est également au programme de M. Rasmussen. « L’Otan a été établie pour la sécurité dans la région euro-atlantique. Néanmoins, nous devons réaliser que dans le monde d’aujourd’hui, la défense de territoires commence souvent hors de cette région, comme c’est le cas dans les montagnes d’Afghanistan. Je ne vois aucune contradiction entre une défense territoriale et la conduite de missions hors de la région d’opération » a-t-il affirmé.

Le dernier plan stratégique de l’Alliance datant d’il y a plus de dix ans, le prochain devra prendre en compte l’apparition de nouvelles menaces, telles que la piraterie maritime, le terrorisme international ou encore la cyberguerre. Des réflexions seront menées par un comité d’une douzaine de personnalités, désignées par M. Rasmussen, et conduite par Madeleine Albright, l’ancienne chef de la diplomatie américaine du temps où Bill Clinton était à la Maison Blanche.

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