Les taliban ont leur code du combattant

Depuis le début de cette année, le mollah Omar, le chef suprême et spirituel des taliban, a décidé de reprendre son mouvement en main, après en avoir perdu le contrôle opérationnel, l’initiative d’attaquer les troupes alliées ayant été laissée à des commandants de groupes locaux.

Récemment, l’on apprenait que plusieurs décisions avaient été prises par le mollah Omar à l’occasion d’une « choura », c’est à dire une assemblée des chefs tribaux, organisée vraisemblablement en janvier, à Quetta, au Pakistan. Depuis, la planification des attaques contre les autorités afghanes et les forces étrangères, ainsi que la nomination des commandants locaux reviennent au chef suprême des taliban.

Et pour faire rentrer tout le monde dans le rangs, ce dernier a pu compter sur les finances de son mouvement, relativement importantes puisqu’alimentées par le trafic d’opium et les dons de riches particuliers du golfe Persique, favorables à la cause qu’il défend. Un seul groupe d’insurgés aurait toutefois su garder son indépendance : le réseau de Jalaluddin Haqqani, très actif dans l’est afghan et assez puissant pour pouvoir se passer de la tutelle du chef suprême taliban, même si il lui a fait une promesse de loyauté à son égard.

Par ailleurs, le mollah Omar s’est adjoint les services de deux « lieutenants », à savoir les mollah Berader et Zakir (alias Gulam Rasoul Abdullah), chargés des opérations militaires dans l’est et le sud de l’Afghanistan. Cette reprise en main est une des explications de l’intensification des violences qui agitent le pays à l’approche de l’élection présidentielle du 20 août prochain.

Cette réorganisation, dont le but est d’éviter l’éparpillement du mouvement taleb et de trouver, ainsi, une unité d’action, s’est traduit par la distribution d’un nouveau code du combattant islamiste, intitulé « Les règles de l’Emirat islamique d’Afghanistan pour les Moudjahidines ». Ce texte, qui remplace celui qui avait été élaboré en 2006, se compose de 13 chapitres et de 67 articles et aurait été publié en mai dernier.

Le document, révélé par la chaîne de télévision al-Jazirah, reprend en partie les dispositions prises par le mollah Omar lors de la choura de Quetta. Ainsi, « si des groupes non officiels ou des bataillons irréguliers existants refusent de rejointre le mouvement officiel, il faut les démanteler » y est-il écrit. Les attentats suicides, qui sont un phénomène récent en Afghanistan car ce mode d’action , importé par les djihadistes d’Irak, n’était alors pas pregnant dans la mentalité afghane, doivent être « réservés aux cibles importantes ». « Un courageux fils de l’islam ne doit pas être sacrifié pour des cibles de moindre intérêt, ou même sans intérêt du tout. » écrit le chef taleb, qui souhaite s’attirer les faveurs de la population en faisant « tous les efforts possibles pour éviter les victimes civiles ».

« Les moudjahidines doivent avoir une conduite irréprochable, de manière à gagner les coeurs des musulmans civils » poursuit-il, en paraphrasant presque l’Otan, pour qui « gagner les coeurs et les esprits » est une priorité. Enfin, le sort des prisonniers est aussi évoqué. Leur traitement dépend de leur origine. Si ce sont des militaires « infidèles », leur cas dépendra du mollah Omar en personne, ou bien par son lieutenant. Plus généralement, le chef taleb s’oppose à ce que des rançons soient demandées pour leur libération.

Pour les responsables de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), ce document, qui prétend donner une meilleure image des insurgés, ne serait qu’une opération de propagande, étant donné que le comportement observé des combattants islamistes sur le terrain n’est pas conforme aux recommandations écrites par le mollah Omar et qu’il s’agirait ainsi de présenter le gouvernement taliban en exil comme étant une alternative crédible à celui actuellement dirigé par Hamid Karzaï, le président afghan et plus généralement, à toute autre équipe gouvernementale qui sera désignée par les urnes en août prochain.

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