Afghanistan : L’opération Griffe de panthère est un « succès »

Selon un sondage publié le 28 juillet en Grande Bretagne, 52% des personnes interrogées réclament le départ du contingent britannique d’Afghanistan tandis que 58% estiment que la lutte contre l’insurrection menée par les taliban et leurs alliés n’a aucune chance d’aboutir.

L’explication des résultats de cette enquête d’opinion, réalisée au début du mois, réside dans le fait que les pertes de l’armée britannique en Afghanistan sont supérieures à celles qu’elle avait enregistrées lors des opérations militaires en Irak, où ses éléments avaient été principalement déployés dans la région de Bassorah, un secteur relativement épargné par les violences, à la différence du « triangle sunnite » où les forces américaines ont dû faire face à une intense insurrection menée à la fois par des anciens baasistes, c’est à dire les nostalgiques du régime de Saddam Hussein, et les djihadistes se réclamant d’al-Qaïda.

Cependant, si ces pertes ont été plus nombreuses au cours de ces dernières semaines, c’est que le contingent britannique a lancé, depuis le mois de juin, une opération militaire de grande envergure, appelée « Griffe de panthère », dans la province du Helmand, bastion de l’insurrection talibane, avec pour objectif principal de prendre le contrôle de la zone située au nord de Lashkar Gah, la capitale provinciale, et d’en chasser ainsi les insurgés avant la tenue de l’élection présidentielle afghane prévue le 20 août prochain.

Autant dire que les soldats britanniques n’ont pas eu la partie facile. Ils se sont en effet heurtés à une forte résistance de la part d’un demi-millier de taliban qui ont appliqué les techniques habituelles de guérilla, en faisant appel à des snipers (tireurs embusqués) et en posant des engins explosifs improvisés sur le bord des routes. Ces derniers sont d’ailleurs à l’origine de la plupart des pertes britanniques, avec 23 militaires tués en six semaines de combat, dont un officier supérieur.

Cela étant, l’opération Griffe de panthère a pris fin le 27 juillet, sur un constat de succès. C’est en effet l’avis exprimé par le général Tim Radford, le commandant des forces britanniques dans la province du Helmand. « Nous avons infligé de lourdes pertes aux insurgés, tant physiquement que psychologiquement et nous en avons vu beaucoup abandonner et fuir la zone » a-t-il ainsi déclaré par vidéoconférence.

Sans donner davantage de précisions sur le bilan concernant les insurgés mis hors de combat, le général Radford a estimé qu’un certain nombre d’entre eux ont réussi à s’enfuir ou encore à se fondre dans la population civile.

Pris à parti par son opposition parlementaire britannique – et même par des officiers – au sujet du manque d’équipements des forces britanniques, le Premier ministre Gordon Brown s’est félicité du résultat de cette opération, dont une des conséquences sera de permettre à 80.000 Afghans de prochainement voter sans subir la pression des combattants islamistes. « Nous avons repoussé les taliban (…) et commencé à briser cette chaîne de la terreur qui relie les montagnes d’Afghanistan et du Pakistan aux rues de Grande-Bretagne » a-t-il ainsi déclaré.

Reste à voir les résultats du prochain sondage au sujet de l’engagement britannique en Afghanistan, en surveillant tout particulièrement l’évolution du nombre de personnes interrogées estimant que la victoire contre les taliban est impossible. Il ne faut pas perdre de vue que, dans ce genre de combat contre-insurrectionnel, l’opinion publique est une variable importante car c’est sur celle de leurs adversaires que les insurgés cherchent à peser.

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