Le soldat Bergdahl, prisonnier des taliban

Il est âgé de 23 ans et s’appelle Bowe Bergdahl. Soldat de l’armée américaine originaire de l’Idaho, il a été fait prisonnier par les taliban à la fin du mois de juin alors qu’il était affecté dans la province de Paktita, située dans le sud-est de l’Afghanistan. Il s’agit du premier militaire des forces alliées déployées dans le pays depuis octobre 2001 à être tombé aux mains des combattants islamistes.

Et comme dans chaque guerre insurrectionnelle qui est caractérisée par une asymétrie des moyens employés par chaque belligérant, l’arme médiatique est souvent utilisée par le camp supposé le plus faible à des fins de propagande. Tel a été notamment le cas lors de la guerre d’Indochine où les prisonniers français du Viet-Minh, détenus dans des conditions effroyables où le taux de mortalité pouvait être supérieur à celui constaté dans les camp de concentration nazi, subissaient un lavage de cerveau pour leur faire signer des déclarations hostiles à la politique menée par Paris.

Et il y a des similitudes avec le cas du soldat Bergdhal. Le 20 juillet, les taliban ont en effet fait diffuser une vidéo où l’on peut voir le militaire américain, habillé à « l’afghane » et paraissant térrifié, ou du moins nerveux. Devant la caméra, il répond en anglais à des questions posées par ses géôliers. Bien évidemment, on peut supposer que les réponses qu’il livre sont orientées dans le sens voulu par les islamistes.

« Nous avons envahi un pays indépendant et un peuple indépendant » affirme ainsi le soldat Bergdahl. « Mon message au gouvernement américain, c’est qu’il doit retirer ses troupes d’Afghanistan, car ce n’est pas notre pays » ajoute-t-il. Il s’adresse aussi à ses « compatriotes américain » en ces termes : « Vous avez le pouvoir de pousser le gouvernement à retirer les troupes ». Et de les supplier : « S’il vous plaît, ramenez-nous à la maison! »

Et pour que les taliban passent pour des gens sympathiques (alors que l’on sait les exactions qu’ils commettent pour faire plier les récalcitrants à leur vision dévoyée de l’islam), des plans montrent le soldat Bergdahl en train de manger et de boire du thé. Ses géôliers? « Des gens normaux qui combattent pour leurs croyances, leur religion et leur pays » dit-il. Pas un mot, bien sûr, concernant l’influence pakistanaise sans laquelle les taliban n’auraient pas pu prendre Kaboul… Et rien non plus sur leur lutte, jusqu’en 2001, contre l’Alliance du Nord du commandant Massoud, assassiné par leurs alliés d’al-Qaïda.

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