Quand la Belgique voulait envahir les Pays-Bas

Longtemps, la Belgique et les Pays-Bas ont eu une histoire commune. Depuis la fin de la guerre de Cent ans, en 1453, les deux pays ont en effet été successivement sous la coupe des ducs de Bourgogne, des Habsbourg et de Charles Quint. C’est sous le règne de Philippe II, roi d’Espagne et fils de l’empereur du Saint-Empire germanique que le destin des deux nations se sépare une première fois, avant de se retrouver à l’issue du traité d’Utrecht de 1713, la Belgique étant appelée Pays-Bas du Sud.

Après les remous révolutionnaires en France et son rattachement au Ier Empire, le Congrès de Vienne de 1815 place la Belgique sous la domination néerlandaise. Seulement, les différences culturelles et religieuses font que la politique « néerlandophile » du roi Guillaume Ier provoque des tensions outre-Quiévrain. La révolution de juillet, qui chasse du trône de France le frère de Louis XVI, Charles X, au profit de Louis-Philippe, le fils de Philippe-Egalité qui vota, lors de la Terreur, la mort du roi de France, inspire alors la bourgeoisie belge, essentiellement francophone.

Le 25 août 1830, la Belgique se révolte contre la tutelle des Pays-Bas et, à l’issue, proclame son indépendance. Le 21 juillet 1831, Leopold Ier devient le premier roi des Belges. Cependant, le 2 août 1831, les Pays-Bas déclarent la guerre à la Belgique. Après une avancée victorieuse, les Hollandais sont arrêtée par l’armée belge, qui reçoit de l’aide de la part de la France. En signe de gratitude envers Paris, Léopold Ier, par ailleurs ancien officier de l’armée russe et adversaire de Napoléon Ier, se marie en seconde noce avec Louise d’Orléans, la fille du roi Louis-Philippe. De cette union naîtra Léopold II. Il faudra attendre 1839 et la signature d’un traité garantissant l’indépendance belge pour que les Pays-Bas renoncent définitivement à toute agression envers leur ancien territoire.

L’histoire houleuse entre les deux pays aurait pu s’arrêter là. Sauf que, selon une étude du journaliste et historien flamand Kris Clerckx, citée par la presse belge, Léopold II aurait envisagé d’envahir les Pays-Bas dans les années 1850, alors qu’il n’était encore que prince héritier (il deviendra roi en 1865).

D’après Kris Clerckx, qui se base sur des documents conservés par les « archives royales » de Bruxelles, le souverain belge aurait ainsi mis sur pied un plan d’attaque, après plusieurs missions d’espionnage en vue d’évaluer la puissance militaire néerlandaise. Il aurait été prévu de lancer une offensive surprise sur les Pays-Bas et de prendre Amsterdam le plus rapidement possible « afin que la nouvelle de l’attaque arrive en même temps que la nouvelle de la capitulation (ndlr: des Pays-Bas) » a indiqué l’historien.

Plusieurs facteurs auraient pu jouer en faveur de la Belgique. Le rapport de force de cette dernière avec les Pays-Bas pouvait en effet jouer en sa faveur, étant donné que ses soldats étaient plus jeunes et sans doute mieux équipés que leurs homologues néerlandais en raison d’un budget militaire plus élevé. A l’époque, Amsterdam avait mis l’accent sur le développement de sa marine, laquelle n’aurait rien pu faire en cas d’invasion terrestre.

A contrario, le renseignement belge avait estimé que les forts de la ligne défense aquatique (Hollandse Waterlinie) pouvaient constituer un épineux problème, de même que le patriotisme affiché des Néerlandais les aurait poussé à opposer une forte résistance contre l’envahisseur.

Mais avant d’entreprendre quoi que ce soit, il était important pour Léopold II de connaître la position de la France. Finalement, Napoléon III ne se montra pas favorable à ce projet et le roi des Belges suspendit son exécution. Plus tard, Léopold II assouvira sa soif de conquête avec la colonisation du Congo, en 1884.

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