Bras de fer autour du F22

« Faut-il vraiment tant de technologies et d’argent pour courir derrière des barbus armés de kalachnikov et se déplaçant à moto? » s’interrogeait, à propos du F22 Raptor, un pilote dans le numéro de juin du mensuel « Carnet de vol ». La réponse à cette question a été donnée par Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense, avec un long article publié par la revue Foreign Affairs à ce sujet, en décembre dernier.

Ainsi, le projet budget du Pentagone, préparé selon les directives du président Obama qui ne veut plus signer de « chèques en blanc » aux industriels de la défense, ne prévoit pas d’augmenter le nombre de chasseurs furtifs F22 en dotation au sein de l’US Air Force, qui dispose déjà de 188 exemplaires de ce type d’appareil.

Seulement, les parlementaires américains ne l’entendent pas tous ainsi, certains se déclarant hostiles aux nouvelles priorités budgétaires défendues par Robert Gates qui consistent à arrêter les programmes non urgent au profit d’autres jugés plus pertinents pour les conflits dans lesquels les Etats-Unis sont engagés. Et la tentation est grande au Congrès de rajouter quelques F22 supplémentaires sur la liste d’achat du Pentagone. Ce que le secrétaire à la Défense refuse catégoriquement, quitte à brandir la menace d’un veto de la Maison Blanche.

« Le moment est venu de tirer un trait sur les vieilles habitudes de la défense. Le président a tiré ce trait et, au-delà de cette ligne rouge, le risque de veto est réel » a-t-il averti lors d’un discours ferme prononcé devant le les membres de l’Economic Club de Chicago, le 16 juillet. « Nous sommes attachés à cette réforme budgétaire et prêts à nous battre pour elle » a-t-il ajouté.

Pour Robert Gates, il s’agit surtout de privilégier le F35 Lightning II, conçu par le même avionneur que le F22 Raptor, c’est à dire Lockheed-Martin. A terme, le F35, qui se décline en trois versions, devrait être l’épine dorsale des forces aériennes américaines.

Pour les parlementaires, le calcul est simple : le F22 Raptor, qui a été développé pour remplacer les F15 Eagle de l’US Air Force, pèse 75.000 emplois, ce qui, en temps de crise économique, n’est jamais négligeable. Par ailleurs, cet appareil a moins besoin de support logistique que celui qu’il aurait dû remplacer. Le déploiement de 24 F22 pour une durée de 30 jours demande 8 avions de transport C141B chargés de matériels contre 18 pour le F15. En revanche, son extrême sophistification fait qu’il est souvent sujet à des pannes…

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