Les forces américaines se retirent des villes irakiennes

Conformément à l’accord de sécurité conclu entre Bagdad et Washington en novembre dernier, les forces américains ont terminé leur retrait des centres urbains irakiens au soir du 30 juin. « Ce jour, que nous considérons comme une fête nationale, est à mettre au crédit de tous les Irakiens » a déclaré Nouri al Maliki, le Premier ministre du pays, lors d’une allocution télévisée.

Depuis 2007, la situation sécuritaire en Irak s’est considérablement améliorée, notamment en raison de l’application des recommandations faites à l’administration Bush par le général David Petraeus, actuellement chef de l’US Centcom, le commandement américain en charge de l’Asie centrale et du Moyen Orient.

Ces dernières ont consisté à augmenter le contingent américain dans le pays pour le porter à près de 160.000 hommes et de mettre en application des techniques contre-insurectionnelles – inspirées d’ailleurs par le théoricien français David Galula – afin de retourner la population civile contre les rebelles et de convaincre les tribus sunnites pour combattre al-Qaïda.

Ainsi, le nombre des attaques s’élevait en moyenne à 160 par jour en 2007 contre 10 à 15 pour le premier semestre de l’année 2009. Les attentats suicides sont donc en constante diminution, de même que l’afflux de djihadistes étrangers, notamment au cours des 10 derniers mois, si l’on en croit le général Ray Odierno, le commandant des forces américaines en Irak.

En mai, les pertes civiles ont atteint le niveau le plus bas depuis l’intervention militaire de coalition emmenée par les Etats-Unis en mars 2003. Cependant, tout est loin d’être encore idyllique. Depuis le début de l’année, ce sont près de 1.800 personnes qui ont été victimes de violences. Et si les attaques sont moins nombreuses, elles sont en revanche plus meutrières, comme celle qui a visé le quartier chiite de Choula, à Bagdad, (40 morts), le 20 mai dernier, ou encore celle qui a fait, un mois plus tard, 72 tués à Taza, une localité située près de Kirkouk. La semaine passé, un attentat sur un marché dans le quartier chiite de Sadr City a tué 72 civils et en a blessé 150 autres.

Et le jour même où les troupes américaines se sont retirées des cités irakiennes pour être remplacées par 500.000 policiers et 250.000 militaires irakiens, la ville de Kirkouk a encore une fois été le centre d’un attentat (26 morts, 56 blessés). « Ne vous y trompez pas, il y aura encore des jours difficiles. Nous savons que la violence va perdurer en Irak » a estimé le président Barack Obama au cours d’une brève intervention. « La paix reste fragile et réversible » confiait récemment le général Petraeus.

Plusieurs éléments incitent à la prudence quant à l’avenir de la situation irakienne. En effet, même si al-Qaïda a subit un revers majeur dans le pays avec son échec d’imposer une guerre civile inter-confessionnelle en 2006-2007, il en reste pas moins que l’organisation est toujours présente et qu’elle est encore capable de mener des actions meurtrières, comme l’ont montré les récents attentats. La ville de Mossoul, par exemple, reste encore un bastion de la mouvance djihadiste. Les divisions entre les différentes communautés subsistent (arabes contre kurdes, sunnites contre chiites) et de nouvelles tensions peuvent apparaître sur la question de la répartition des recettes pétrolières. Sans oublier le voisin iranien, qui selon plusieurs rapports du Pentagone, cherche à influencer la politique irakienne.

En cas de besoin, les forces de sécurité irakiennes pourront toujours demander le soutien des militaires américains. Mais à partir de la fin de l’année 2011, elles devront assumer toutes seules les missions qui lui incombent. En effet, dès 2010, les unités combattantes américaines auront quitté le pays. Il ne restera ensuite qu’entre 35.000 à 40.000 hommes affectés à des tâches de formation et de logistique jusqu’au retrait final.

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