Reprise de la coopération entre l’Otan et la Russie

L’exercice naval FRUKUS s’est déroulé au large de Brest, entre le 22 et le 26 juin. Ces manoeuvres ont rassemblé des bâtiments venus de quatre nations différentes : la frégate anti-sous-marine Tourville pour la France, l’USS Klakring pour les Etats-Unis, le HMS York pour la Grande-Bretagne et enfin, le Severomorsk pour la Russie.

Cela n’a sans doute l’air de rien mais il faut rappeler que l’édition 2008 de cet exercice n’avait pas eu lieu en raison de l’intervention militaire russe en Géorgie, les trois autres participants habituels, membres de l’Otan, ayant décidé de le boycotter pour protester contre la politique menée par Moscou dans le Caucase.

Pourtant, la position des uns et des autres n’a guère évolué et la Russie se montre toujours aussi inflexible sur le dossier géorgien, notamment avec son refus du renouvellement de la mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans le pays et du maintien de la vingtaine d’observateurs militaires qui y sont actuellement déployés.

Cela étant, l’Alliance atlantique et Moscou ont cependant décidé, le 27 juin, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères à Corfou, de relancer leur coopération militaire dans le cadre du Conseil Otan-Russie, suspendue justement depuis le conflit qui a embrasé le Caucase en août dernier. Cette décision intervient à peine semaine avant le voyage officiel du président américain, Barack Obama, en Russie et la tenue du prochain sommet du G8 en Italie.

Prévue en mai dernier, la reprise des relations diplomatiques entre les Russes et l’organisation politico-militaire avait finalement été repoussée à des jours meilleurs. En effet, Moscou n’avait alors pas du tout apprécié le maintien de manoeuvres conjointes entre l’Otan et des pays caucasiens en Géorgie et encore moins l’expulsion de deux de ses diplomates dans le cadre de l’affaire Hermann Simm, ce fonctionnaire estonien qui avait vendu des secrets de l’Otan à des espions russes.

« La Russie a besoin de l’Otan et l’Otan a besoin de la Russie » a lancé Jaap de Hoop Scheffer, le secrétaire général de l’Alliance atlantique. Et plutôt que de s’attarder sur les sujets qui divisent, mieux vaut regarder ceux qui rapprochent, comme la lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime au large de la Somalie. Ou encore – et surtout –  le dossier afghan. En effet, Moscou n’aurait rien à gagner à un échec de l’Otan en Afghanistan. D’où l’accord des autorités russes pour laisser transiter sur leur territoire du matériel non militaire destiné aux troupes de la Force international d’assistance à la sécurité.

L’évolution de la situation afghane intéresse les Russes à plus d’un titre. A commencer par les problèmes posés par le trafic de drogue. Depuis la chute des taliban, en 2001, les produits stupéfiants en provenance d’Afghanistan ont inondé le marché russe. Selon le chef de la lutte antidrogue en Russie, Viktor Ivanov, le nombre de toxicomanes « s’étabit entre deux millions et deux millions et demi de personnes, en majorité des jeunes entre 18 et 40 ans », ce qui a des « conséquences sur la démographie, l’économie, la vie sociale et la défense du pays ». Il est estimé que 30.000 personnes meurent chaque année à cause de la drogue en Russie, pays qui est d’ailleur un des principaux débouchés de l’héroïne afghane.

« Le conseil Otan-Russie est maintenant réenclenché » a commenté Jaap de Hoop Scheffer. « Nous sommes convenu de ne pas laisser les désaccords mettre tout le train à l’arrêt » a-t-il poursuivi. C’est sans doute pour cela que la question du nucléaire iranien n’a pas été évoquée et que les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Otan ont pris acte de « l’irréversibilité » de la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des régions anciennement placée sous tutelle géorgienne, à savoir l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.

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