Le Pentagone se prépare à la cyberguerre

« Les risques d’attaque de grande ampleur auxquels la société et les pouvoirs publics sont encore mal préparés, doivent donc faire l’objet d’une attention nouvelle, aussi bien pour le renforcement des défenses que pour les capacités de rétorsion » peut-on lire dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale au sujet des « cybermenaces ».

Si, en France, une structure spécialement dédiée à ce qui est appelé la « cyberguerre » se fait encore attendre, les Etats-Unis viennent de franchir le pas avec l’annonce, le 23 juin, par le Pentagone, de la création prochaine d’un commandement militaire pour le cyberespace.

Il faut dire qu’avec des milliers d’attaques recensées quotidiennement sur les 15.000 réseaux informatiques militaires américains, il était devenu urgent d’agir, d’autant plus que, selon William Lynn, le vice-secrétaire à la Défense, cela a coûté 100 millions de dollars ces six derniers mois pour réparer les dégâts causés par les actes de piraterie.

Par ailleurs, des pays ont développé un savoir-faire en la matière, comme la Russie et surtout la Chine, souvent accusée de se livrer à de l’espionnage informatique en s’infiltrant dans les réseaux informatiques. La dernière affaire en date concerne des informations portant sur le programme de l’avion de combat F-35 Lightning, qui auraient été dérobées lors d’une intrusion dans les ordinateurs de sous-traitants privés.

Pour les responsables américains, il ne fait aucun doute que la guerre cybernétique est une des priorités de Pékin. Mieux même. Lors d’une audition devant l’United States-China Economic and Security Review Commission, le 30 avril dernier, un consultant en sécurité informatiaque, Kevin Coleman, a indiqué que la Chine aurait mis au point un système d’exploitation sécurisé appelé Kylin qui rend invulnérable ses réseaux informatiques.

Quoi qu’il en soit, ce nouveau commandement créé par le Pentagone sera placé sous l’autorité de l’US Strategic Command (Stratcom), déjà en charge du contrôle des armes nucléaires américaines et dont le quartier général est situé sur la base aérienne d’Offut, dans le Nebraska. Sa mission sera non seulement de protéger les réseaux informatiques mais aussi de mener des opérations offensive dans le cyberespace.

La direction de cette structure devrait revenir au général Keith Alexander, actuellement à la tête de la National Security Agency (NSA), le puissant service de renseignement en charge des l’espionnage des communications. « Maintenir la liberté d’action dans le cyberespace au XXIe siècle est aussi importante pour les intérêts américains que l’étaient la liberté de naviguer en mer au XIXe siècle et l’accès à l’air et à l’espace au XXe siècle » a-t-il affirmé récemment.

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