La pression monte entre la Corée du Nord et les Etats-Unis

La résolution n°1874 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui sanctionne le régime de Pyongyang pour son essai nucléaire souterrain du 25 mai dernier, prévoit la mise en place d’un système d’inspections renforcées des marchandises à destination et en provenance de la Corée du Nord, que ce soit par voie maritime, aérienne et terrestre.

Or, depuis quelques jours, un cargo nord-coréen de 2.000 tonnes, le « Kang Nam 1 », fait l’objet d’une surveillance rapprochée de la part de l’USS John McCain, le destroyer américain dont l’antenne sonar avait été endommagée, le 11 juin, dans une collision avec un sous-marin chinois.

Dans la soirée du 17 juin, le Kang Nam a appareillé du port de Nampo, situé à une cinquantaine de kilomètres de Pyongyang, sur la côte ouest du pays, et a mis le cap vers l’Asie du sud-est. Repéré par les services de renseignement, il a donc été rejoint par l’USS John McCain. Les Etats-Unis entendent ainsi montrer leur détermination face à un régime qui a pris l’habitude de menacer ses voisins pour obtenir des contreparties, notamment en matière d’approvisionnement énergétique ou de denrées alimentaires. L’objectif de Washington est aussi d’empêcher Pyongyang de se livrer à ses trafics de technologies liées au nucléaire et aux missiles.

Cependant, la marge de manoeuvre du destroyer américain n’est pas aussi large que l’on peut le croire. Car la Chine a mis un léger bémol au projet de la résolution 1874 : le texte adopté n’autorise pas le recours à la force pour une inspection dans les eaux internationales. Si le Kang Nam fait escale à Singapour, allié des Etats-Unis, alors il sera possible de jeter un oeil sur sa cargaison. En revanche, si sa destination est la Birmanie, allié de Pyongyang, le cargo nord-coréen gardera ses mystères.

Mais même sans cette restriction voulu par la Chine, soucieuse de préserver son allié nord-coréen pour éviter d’avoir un foyer d’agitation à ses frontières, une inspection en haute mer serait de toute façon délicate. En effet, Pyongyang a averti : l’interception d’un de ses navires pour inspecter sa cargaison serait perçu comme un « acte de guerre ».

Le régime nord-coréen n’a pas abandonné sa réthorique belliqueuse, et encore moins ses menaces. Selon toute vraisemblance, Pyongyang s’apprête à tirer un missile balistique longue portée de type Taepodong, en direction de l’Etat américain d’Hawaï. Et cela suscite bien évidemment de l’inquiétude à Washington.

Le 18 juin, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a indiqué prendre avec sérieux cette éventualité et a approuvé le déploiement sur l’île d’un système de défense antimissile ainsi que des radars afin de « fournir un soutien » militaire le cas échéant. « Je pense que nous sommes en bonne position s’il devient nécessaire de protéger le territoire américain » a-t-il déclaré.

Interrogé sur ce sujet par la chaîne CBS, le 22 juin, le président américain, Barack Obama, a assuré que les Etats-Unis sont militairement prêt dans le cas d’un tir de missile nord-coréen. Pour autant, il ne s’agit pas de préparer une éventuelle riposte militaire. « Cela veut simplement dire que nous sommes prêts à parer à toute éventualité » a-t-il déclaré, dans l’émission « The Early Show ».

Quoi qu’il en soit, Pyongyang a continué dans la surenchère. Le même jour, c’est le Rodong Sinmun, l’organe du Parti communiste nord-coréen, qui a donné son commentaire. « Tant que la DPRK (ndlr: la Corée du Nord) est une fière puissance nucléaire, les Etats-Unis devraient regarder attentivement à qui ils ont affaire » a menacé cette instance, ce qui veut dire qu’en cas d’une attaque américaine, il y aura une riposte de l’armée nord-coréenne.

Par ailleurs, cette dernière se prépare à de nouvelles manoeuvres militaires, au large de ses côtes orientales, à partir du 25 juin et jusqu’au 10 juillet, le tir du Taeopodong pouvant avoir lieu le jour de la fête nationale américaine, le 4 juillet. A cette fin, la Corée du Nord a averti les gardes-côtes japonais. Par voie de communiqué, ces derniers ont indiqué que la zone qui leur a été notifiée pour la conduite de l’exercice nord-coréen s’étend sur une surface de 100 km sur 450 km.

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