Nucléaire : La Syrie ne collabore pas

Le 6 septembre 2007, l’aviation israélienne avait mené un raid en Syrie et détruit le site d’Al-Khibar. Il avait ensuite fallu attendre avril 2008 pour connaître les raisons de ce bombardement : des images du site visé avaient été diffusée à des membres du Congrès américain. Obtenus par l’entremise d’une « taupe » ou par les services secrets israéliens, les images montraient des constructions étonnamment ressemblantes avec la centrale nord-coréenne au plutonium de Yongbyon.

Ainsi, selon les conclusions des services de renseignements américains, la Syrie développait un programme nucléaire clandestin, sans « finalités pacifiques », avec l’aide de Pyongyang. Ces révélations avaient alors conduit l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA)  à ouvrir une enquête sur ce projet syrien. Et, manifestement, la collaboration de Damas serait loin d’être satisfaisante.

« Plus d’un an s’est écoulé depuis que l’AIEA a commencé à enquêter sur les activités nucléaires clandestines de la Syrie liées au réacteur détruit de Dair Alzour (ndlr : al-Khibar) » a rappelé Geoffrey Pyatt, le réprésentant américain auprès de l’AIEA, au cours d’une réunion organisée à Vienne, le 18 juin dernier. « Malheureusement, la Syrie n’a pas mis à profit ce temps pour répondre aux questions persistantes concernant le réacteur et les infrastructures liées.. A l’opposé, la liste des questions de l’agense s’allonge » a-t-il poursuivi.

En effet, les inspecteurs de l’AIEA n’ont pu se rendre qu’une seule fois en Syrie et encore, nombre de sites militaires leur ont été fermés pour des raisons de « sécurité nationale ». En revanche, il a pu être établi que des particules d’uranium ont été retrouvées sur le site d’al-Khibar, ce qui accréditerait la thèse des Israéliens et des Américains.

Si le directeur de l’AIEA, Mohamed ElBaradei regrette ce manque de coopération de la part des autorités de Damas, il n’en reste pas moins que sa gestion de cette affaire est vivement critiquée par Israël. Ainsi, toujours au cours de la même réunion du 18 juin, l’ambassadeur israélien Israel Michaeli a demandé au directeur de l’agence « d’éviter les biais politiques dans le traitement du dossier nucléaire syrien ».

« Nous n’agissons pas sélectivement mais de la même façon pour tous. Nous appliquons le droit international. Quand Israël a bombardé ce qu’il affirmait être une installation nucléaire, il a non seulement entravé notre travail mais aussi clairement violé le droit international » a répondu Mohamed ElBaradei, qui n’avait pas apprécié le raid israélien sans avoir été averti au préalable des soupçons pesant sur la nature du site d’al-Khibar.

« Nous apprécierons que vous cessiez de nous faire la leçon » a rétorqué alors le diplomate israélien, dont le pays n’est soumis à aucun contrôle de son arsenal nucléaire, qu’il détient de manière « officieuse ».

D’après les services de renseignement et les images montrées en avril 2008 du site d’al-Khibar, le complexe nucléaire était opérationnel dès le mois d’août 2007, soit à peine un mois avant sa destruction par l’aviation israélienne. Au vu du peu d’empressement montré par Damas pour ouvrir ses installations aux inspecteurs de l’AIEA, qui sait à quel degré d’avancement serait le programme syrien actuellement? Cette incertitude explique, sans doute, la célérité d’Israël à agir, sans faire part de ses soupçons aux instances internationales.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]