Sanctionnée par l’ONU, la Corée du Nord hausse le ton

Après avoir réalisé un essai nucléaire souterrain, le 25 mai dernier, la Corée du Nord n’a pas cessé de menacer ses voisins. En réponse à l’adhésion de Séoul à l’Initiative de Sécurité contre la Prolifération (PSI), Pyongyang a dénoncé l’armistice de 1953 qui avait mis fin aux hostilités dans la péninsule coréenne. En réaction, la Corée du Sud a placé ses forces armées en état d’alerte maximale.

Depuis, hormis une brève incursion d’un bâtiment de la marine nord-coréenne dans les eaux territoriales du Sud, il n’y a eu, pour le moment, aucun incident sérieux susceptible de mettre le feu aux poudres. « Je ne pense pas qu’il y ait eu un changement mesurable de configuration de l’armée nord-coréenne qui pourrait faire croire à une intention de lancer une opération militaire » a confié, le 11 juin, Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense dont le pays a près de 28.000 soldats déployés en Corée du Sud.

Toutefois, Pyongyang aurait d’autres intentions. En effet, il semblerait que la Corée du Nord ait l’idée de procéder à des tirs de missiles balistiques, dont un Taeopodong-2, capable théoriquement de franchir une distance de 6.700 km et par conséquent d’atteindre l’Alaska. Selon la presse sud-coréenne, qui cite des services de renseignement, un activité inhabituelle aurait été observé depuis maintenant quelques jours sur le site de lancement de Dongchang-Ri ainsi que sur celui situé dans comté d’Anbyon, à une centaine de kilomètres de Séoul.

Cependant, le Conseil de sécurité de l’ONU a fini par se mettre d’accord, le 12 juin, sur une résolution visant à renforcer les sanctions à l’égard de la Corée du Nord, en réponse à son dernier essai nucléaire. Ainsi, le texte, rédigé par les Etats-Unis et négocié pendant près de deux semaines par les quatre autres membres permanents du Conseil (France, Chine, Russie, Grande-Bretagne) mais aussi avec le Japon et la Corée du Sud, prévoit des sanctions financières alourdies à l’encontre de Pyongyang, la mise en place d’un sytème d’inspections renforcées des cargaisons terrestres, maritimes et aériennes en provance ou à destination de la Corée du Nord, ainsi qu’un élargissement de l’embargo sur les armes.

Cette résolution n°1874 « condamne dans les termes les plus forts » l’essai nucléaire réalisé le 25 mai et « exige que la Corée du Nord s’abstienne de tout nouvel essai ou tir de fusée utilisant la technologie des missiles. » De plus, Pyongyang doit revenir « sur son annonce de retrait du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) » et rejoindre au plus tôt le « Traité d’nterdiction des essais nucléaires (CTBT) » et abandonner « tous ses programmes d’armement nucléaire de manière complète, vérifiable et irréversible ». Enfin, le texte appelle la Corée du Nord a revenir à la table des négociations qui réunit la Corée du Sud, la Russie, la Chine, les Etats-Unis et le Japon afin de dénucléariser la péninsule.

En réaction à ces sanctions, Pyongyang a de nouveau fait dans la surenchère. « L’option consistant à abandonner nos armes nucléaires est devenue chose impossible, et peu importe que certains nous autorisent ou non à en détenir » a fait savoir le ministère nord-coréen des Affaires éteangères au lendemain du vote de la résolution, par voie de communiqué. « Premièrement, tout le plutonium extrait sera utilisé à des fins militaires. Un tiers des barres de combustibles du réacteur de Yongbyon ont déjà été retraitée » a encore affirmé  la diplomatie nord-coréenne. « Deuxièmement, nous allons débuter l’enrichissement d’uranium » prévient-elle.

Quant au contrôle des marchandises prévu par la résolution de l’ONU, le régime de Pyongyang a été très clair : tout blocus qui lui sera appliqué sera perçu comme un « acte de guerre ».

Puisque la résolution 1718, établissant déjà un régime de sanctions contre la Corée du Nord en réponse à son premier essai nucléaire mené en octobre 2006 n’a pas eu l’effet escompté, pas plus d’ailleurs que sa condamnation prononcée par le Conseil de sécurité des Nations unies à la suite de son tir de fusée en avril, quel sera l’effet du texte voté le 12 juin?

Pour Washington, le risque d’une réaction « irresponsable » de la part de Pyongyang est à craindre. « Dans cette éventualité, nous continuerons à faire ce que nous nous sommes engagés à faire aujourd’hui, à savoir appliquer dans toute son étendue le régime de sanctions le plus fort, le plus dur qui existe aujourd’hui contre aucun pays » a déclaré Susan Rice, la représentante des Etats-Unis auprès de l’ONU.

Pour Séoul, cette réaction « irresponsable » pourrait prendre la forme d’un nouvel essai nucléaire nord-coréen. C’est en tous les cas qu’a indiqué Won Tae-jae, le porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense, pour qui c’est un question de « sens commun » étant donné « les provocations répétées de la Corée du Nord vis-à-vis des Nations unies ». Un hypothèse qui semble partagée à Washington où, selon Fox News, des responsables des services de renseignement américains ont averti le président Barack Obama d’une telle éventualité.

Pour l’instant, selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, qui semble toujours être bien informée, « il n’y a aucun signe pour le moment de préparation d’un troisième essai ». D’après le quotidien JoongAng Ilbo, tous les sites souterrains nord-coréens – au nombre de 11, auxquels il faut en ajouter probablement trois autres situés à Punggyeri, sur la côte nord-est – font l’objet d’une serveillance satellitaire accrue de la part des services sud-coréens et américains.

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