Frappe de Farah : L’armée US fait état de « problèmes »

Le 4 mai, des combats ont opposé une centaine de talibans aux forces de sécurité afghanes, épaulés par des troupes américaines, dans le district de Bala Buluk, situé dans la province de Farah. Un appui aérien a alors été demandé. De source américain, des avions F-18 et B-1, ont réalisé des frappes contre des bâtiments susceptibles d’abriter des insurgés.

Seulement, l’un d’entre elles a atteint des civils. A partir de là, les estimations du nombre des victimes divergent selon les acteurs. Pour le gouvernement afghan, qui a demandé l’arrêt de ces raids aériens, il y aurait eu 140 civils tués, alors que l’armée américaine a évalué ce nombre entre 20 et 30, tout en assurant que 60 à 65 taliban ont perdu la vie. Renvoyant dos à dos les autorités de Kaboul et le Pentagone, la Commission afghane des droits de l’Homme (AIHRC) a quant à elle estimé que la frappe aérienne en question aurait fait 97 morts civils.

Quoi qu’il en soit, l’US Centcom, le commandement notamment en charge de l’Afghanistan et de l’Irak dirigé par le général David Petraeus, a demandé une enquête pour éclaircir les circonstances du drame. Et les conclusions ont été présentées le 8 juin à Robert Gates, le secrétaire à la Défense. Ainsi, le document fait mention de « problèmes » dans la manière de procéder au moment de la décision de bombarder l’objectif.

« Il y a eu des problèmes avec la tactique, la méthode et la procédure, la façon dont ce soutien aérien rapproché était censé être conduit dans ce cas » a expliqué Geoff Morrel, un porte-parole du Pentagone. Le bombardier B1, à l’origine de la frappe aérienne, n’aurait pas gardé tout le temps le contact avec l’objectif qu’il devait viser.

Par ailleurs, le quotidien britannique The Independant a établit, dans son édition du 16 mai dernier, que l’unité des Marines, le MarSOC (US Marine Corps Special Operation Command), à l’origine de l’appui aérien et du choix de la cible, avait déjà été impliquée dans un incident quasi similaire le 21 août 2008, dans la région de Hérat.

Les responsables du Pentagone sont inquiets face à ces incidents qui rendent impopulaire les troupes étrangères déployées en Afghanistan. Ainsi, l’an passé et selon une estimation des Nations unies, 2818 civils ont été tué lors des violences qui agitent le pays. Près de 39% de ces victimes ont été causées en majorité par des bombardements aériens défaillants.

« Si l’on attise la colère des gens en combattant les rebelles, la victoire sera creuse et ne durera pas » a déclaré le prochain commandant des forces américaines et alliées en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, lors de son audition par le Sénat au début du mois. « Notre disposition à agir en réduisant au maximum les victimes civiles et les dégâts, même si cela complique notre tâche, est essentielle à notre crédibilité » a-t-il estimé.

Photo : Bombardier B1

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