Les Etats-Unis maintiennent leur aide militaire aux Philippines

Depuis 2002, les Etats-Unis aident militairement les Philippines afin de lutter contre le groupe terroriste Abu Sayyaf, responsable, entre autres, de l’affaire des otages de Jolo en 2000. Ainsi, 600 militaires américains, dont certains appartiennent aux forces spéciales, conseillent et renseignent leurs homologues philippins, sans toutefois prendre part aux combats qui les opposent aux militants d’Abu Sayyaf.

Ces dernières années, l’armée philippine a remporté plusieurs succès contre le mouvement islamiste, né en 1991 d’une scission avec le Front Moro de Liberation nationale (MNLF). Ainsi, plusieurs responsables ont été neutralisés : Abu Sabaya, tué en 2002, Galib Andang, alias le « commandant Robot », capturé en 2003,  Khadaffy Abubakar Janjalani, tué en 2006 et Jainal Antel Sali, alias Abu Sulaiman, abattu en janvier 2007.

Cependant, Abu Sayyaf continue ses activités, qui consistent essentiellement à enlever des Occidentaux et des chrétiens. Récemment encore, le 27 mai dernier, le mouvement a relâché trois otages contre apparemment le paiement d’une rançon. En février 2004, le groupe a revendiqué l’attentat contre un ferry au large de Manille qui fait tué 116 personnes. L’organisation terroriste, implantée dans le sud des Philippines, revendique la création d’un Etat islamique dans sa zone d’opérations qui concerne principalement les îles de Jolo, Basilan et Mindanao.

Par ailleurs, Abu Sayyaf est fortement soupçonné d’entretenir des liens avec al-Qaïda. En effet, Ramzi Youssef, impliqué dans le premier attentat contre le World Trade Center en 1993 et Khalid Shaikh Mohammed, le cerveau du 11 septembre, avaient effectué un séjour aux Philippines dans les années 1990. Les deux hommes avaient réussi à échapper aux policiers locaux alors qu’ils préparaient l’opération Bojinka, dont le but était de détourner 11 avions américains sur des cibles civiles et d’assassiner le pape Jean-Paul II. Mais des doutes subistent sur leurs relations avec Abu Sayyaf, dont ils auraient cherché à recruter des militants.

Enfin, le groupe serait épisodiquement en relation avec la Jemaah Islamiyah, l’organisation islamiste et terroriste indonésienne, responsable des attentats de Bali en octobre 2002. Actuellement, il est estimé qu’Abu Sayyaf compte 2000 membres, avec un noyau actif de 200 militants. Il est considéré comme un des groupes les plus violents de la région, avec plus de 30 exécutions d’otages.

Quoi qu’il en soit, l’aide militaire américaine apportée aux Philippines va se poursuivre. « Nous continuerons à soutenir leurs efforts pour vaincre les terroristes et extrêmistes dans leur pays et dans leur région » a déclaré Robert Gates, le secrétaire à la Défense, alors en déplacement officiel à Manille, le 1er juin. « C’est un très bon modèle pour la contre-insurrection américaine, même s’il existe des différences entre ce que l’on fait aux Philippines d’un côté et de l’autre en Irak et en Afghanistan » a pour sa part estimé le colonel William Coultrup, le commandant des forces spéciales américaines déployées dans le pays.

Photo :  Activistes du groupe Abu Sayyaf

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