Second essai nucléaire nord-coréen

Suite au tir d’une fusée, censée mettre un satellite de communication sur orbite, le 5 avril dernier, la Corée du Nord avait fait essuyé une salve de critiques de la part du Conseil de sécurité des Nations unies. En réponse, Pyongyang avait alors exigé des excuses et menacé de procéder à un nouvel essai nucléaire.

Au début du mois de mai, les autorités de Séoul avaient remarqué des mouvements de personnels et de véhicules sur le site nucléaire de Kilju, situé dans le nord-est de la Corée du Nord et où avait été mené le premier essai nucléaire du régime communiste en octobre 2006. En outre, et selon le quotidien Chosun Ilbo, un nouveau centre de lancement de missiles serait en construction sur la côte ouest du pays. Toujours d’après le journal, l’armée sud-coréenne estimait que Pyongyang allait sans tarder mettre ses menaces à exécution, ce qui a été fait ce 25 mai.

« La République populaire démocratique de Corée a conduit avec succès un nouvel essai nucléaire souterrain, dans le cadre des mesures de renforcement de la dissuasion nucléaire » a annoncé l’agence officielle nord-coréenne KCNA. Et pour faire bonne mesure, un missile sol-air d’une portée de 130 km et deux autres vecteurs de courte portée auraient été tirés depuis le site de Musudan-ri, rapporte l’agence de presse sud-coréenne Yonhap.

Selon l’Institut américain d’études géologiques (USGS), une secousse sismique de magnitude 4,7 a été détectée à 00H54 GMT, à 375 km au nord-est de Pyongyang, à une profondeur de 10 km. Les données en cours d’analyse laissent toutefois présager que l’énergie dégagée lors de cet essai nucléaire souterrain serait quatre plus importante que celle constatée lors du précédent mené il y a deux ans et demi et qui avait été considéré comme un échec par les experts. D’après les médias russes, cités par l’agence de presse nippone Jiji, la puissance de l’engin serait équivalente à celle de la bombe larguée par les Américains en août 1945 sur la ville japonaise de Nagasaki.

Les réactions de la communauté internationale à l’annonce de cet essai nucléaire n’ont pas tardé. « Le Japon a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU » a affirmé leministre nippon des Affaires étrangères, Hirofumi Nakasone, dont le gouvernement est particulièrement inquiet du développement du programme nucléaire nord-coréen et qui a par ailleurs menacé Pyongyang de « prendre des mesures sévères ».

Pour le secrétaire d’Etat de la diplomatie britannique, Bill Rammell, il s’agit d’une « violation flagrante » de la résolution des Nations unies de 2006. « Ce n’est pas une bonne nouvelle et nous condamnons fermement ce tir » a pour sa part commenté Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères. « La France condamne fermement l’essai nucléaire effectué par la Corée du Nord » et « appelle celle-ci à s’abstenir de toute nouvelle provocation » a renchérit le porte-parole du Quai d’Orsay, Eric Chevallier. « La France se concertera sans les prochaines heures avec ses partenaires du Conseil de sécurité et de la région sur les conséquences à tirer de cet acte grave de la Corée du Nord, et en particulier sur le renforcement des sanctions » a-t-il également ajouté.

« Le gouvernement chinois est résolument opposé au fait que, ignorant l’opposition générale de la communauté internationale, la République démocratique populaire de Corée ait procédé une nouvelle fois à un essai nucléaire » a déclaré le chef de la diplomatie chinoise, dont le pays est un allié de Pyongyang. « La Chine appelle fermement la Corée du Nord à respecter ses engagements de dénucléarisation et à cesser toute action susceptible d’envenimer la situation », a-t-il poursuivi.

Pour la Russie, cet essai nucléaire « provoque une escalade en Asie du nord-est et menace la sécurité et la stabilité dans la région » et « porte un coup sérieux aux efforts internationaux pour renforcer le Traité de non-prolifération des armes nucléaires ».

Enfin, le président américain, Barack Obama, a estimé que le nucléaire nord-coréen est une « menace pour la paix » ainsi qu’un « sujet de grave inquiétude. « Par son attitude de défi éhontée à l’égard du Conseil de sécurité de l’ONU, la Corée du Nord provoque directement et de manière imprudente la communauté internationale », a-t-il déclaré. « Le comportement de la Corée du Nord augmente les tensions et sape la stabilité en Asie du Nord-Est. De telles provocations ne serviront qu’à renforcer son isolement » a-t-il ajouté.

Cet essai ayant été réalisé quelques jours après la proposition de l’envoyé spécial des Etats-Unis, Stephen Bosworth, d’ouvrir un dialogue direct avec Pyongyang, c’est l’administration américaine qui est ainsi défiée par le dirigeant communiste nord-coréen Kim Jong-Il. La politique du prédécesseur de Barck Obama à la Maison Blanche, George W. Bush, à l’égard de la Corée du Nord, consistait en un »donnant-donnant » avec Pyongyang. En échange de quelques concessions américaines, Kim Jong-Il s’était apparemment lancé sur la voie d’une dénucléarisation progressive.

Le président Obama, qui a fait du désarmement nucléaire son cheval de bataille, doit désormais résoudre une équation dont la solution est loin d’être évidente. Si il cède au chantage exercé par la Corée du Nord, c’est sa politique en matière de non-prolifération nucléaire qui s’en trouverait décrédiblisée. Quoi qu’il en soit, l’intransigeance nord-coréenne pourrait également signifier l’échec de sa stratégie de dialogue et d’ouverture.

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