Maurice Druon s’est éteint

Ecrivain à succès, avec notamment « Les Rois Maudits » et « Les Grandes familles », prix Goncourt 1948, polémiste, homme politique classé à droite, ministre, secrétaire perpétuel de l’Académie française, Maurice Druon a eu une vie bien remplie et a connu tous les honneurs. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il a écrit, avec son oncle, Joseph Kessel, les paroles du Chant des partisans, qui deviendra l’hymne de la Résistance française lors de l’occupation allemande. Et ce que l’on connaît sans doute encore moins, c’est son passé militaire.

Né le 23 avril 1918, le jour de la Saint Georges, Maurice Druon est élève officier de cavalerie à l’Ecole de Saumur au moment où la Campagne de France de mai-juin 1940 commence.

Alors que l’avancée de l’armée allemande vers Paris semble inéluctable, les Français décident de l’empêcher de franchir la Loire. C’est ainsi que l’Ecole de Cavalerie de Saumur, commandée par le colonel Michon, est désignée pour tenir le secteur allant de Candes-Saint-Martin à Thouriel.

Le 15 juin, l’ordre est donné d’évacuer les positions. Le colonel Michon refuse. Deux jours plus tard, le maréchal Pétain demande aux armées françaises de cesser le combat. Les aspirants de Saumur ne l’entendent pas ainsi et sont volontaires pour résister encore, malgré la faiblesse de leur armement. Animés par le même esprit, les hommes du commandant de Saint-Sernin, appartenant 23e Groupe de Reconnaissance, issu du 20e Dragons, tiendront tête, le 18 juin à Xertigny (Vosges) à plus de 1.000 soldats allemands, avant de tomber les armes à la main.

Cela étant,  les troupes chargées d’empêcher l’armée allemande de franchir la Loire sont composées par 550 aspirants officiers de cavalerie de réserve (EAR) ainsi que 240 EAR de l’arme du Train. D’autres écoles fournissent également des hommes, comme l’Ecole d’Infanterie de Saint-Maixent, avec 360 soldats. Le dispositif est complété par quelques unités combattantes, ou du moins ce qu’il en reste, comme notamment le 19e Dragons. En tout et pour tout, 2.500 hommes se tiennent près, avec 24 blindés et quelques canons, à défendre 40 km de front face à deux divisions allemandes, soit 40.000 hommes appuyés par de l’artillerie et de l’aviation.

Mais après des combats héroïques et acharnés, les forces allemandes finiront par avoir raison de la résistance française. Le général Weygand, alors commandant en chef, décernera à l’Ecole une citation à l’ordre de l’armée, libellé en ces termes : « Sous le commandement du colonel Michon, reflétant l’âme de son chef, l’Ecole Militaire de la Cavalerie et du Train, a combattu les 19, 20 et 21 juin 1940, jusqu’à l’extrême limite de ses moyens de combat, éprouvant de lourdes pertes, prodiguant les actes d’héroïsme et inscrivant dans les fastes de la Cavalerie, une page digne entre toutes de son glorieux passé. A suscité, par sa bravoure, l’hommage de son adversaire. »

Après avoir été démobilisé, Maurice Druon reste en zone libre, le temps de rejoindre Londres, en 1942, après un périple clandestin passant par l’Espagne et le Portugal. Une fois en Angleterre, il s’engage dans les Forces françaises libres. Il sera l’aide de camp du général François d’Astier de la Vigerie puis deviendra chargé de mission pour le compte du Commissariat à l’intérieur et terminera la guerre en qualité de correspondant de guerre auprès des armées françaises.

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