L’essai nord-coréen fait un bide

Que ce soit pour placer sur orbite le satellite de télécommunication Kwangmyongsong-2 ou tester un missile Taepodong-2 censé atteindre l’Alaska, le lancement d’une fusée par la Corée du Nord, le 5 avril, était illégal, du moins en vertu de l’interprétation qui peut être faite de la résolution 1718 du Conseil de sécurité des Nations unis qui lui interdit de « mener des activités liées à des missiles balistiques ».

Comme à son habitude, quand le régime de Pyongyang veut des concessions et prouver qu’il existe – une inconnue reste posée sur l’état de santé de son chef, Kim Jong-Il – il sort ses griffes et se fait menaçant. Cela a déjà été le cas plusieurs fois dans le passé, comme par exemple en octobre 2006 où la Corée du Nord avait obtenu une négociation portant sur une aide humanitaire et économique en échange du démantèlement de son programme nucléaire.

Seulement, l’élection d’un président conservateur à la tête de la Corée du Sud, partisan d’une ligne à l’égard de son voisin du Nord et le gel, depuis l’automne 2008, des discussions concernant ses ambitions nucléaires, expliquent en partie le ton belliqueux du régime nord-coréen, ainsi que sa volonté de défier la communauté internationale en procédant au tir de sa fusée – ou de son missile – en menaçant quiconque aurait eu l’intention de l’intercepter et de le détruire en vol en cas de survol de son territoire.

Quoi qu’il en soit, et contrairement à ce qu’affirment ses dirigeants, la Corée du Nord n’a pas réussi à placer son satellite en orbite ou l’essai de son engin balistique n’a pas été concluant. Il aurait en effet parcouru 3.200 kilomètres, selon Séoul, ce qui est suffisant pour atteindre l’île américaine de Guam, au lieu des 6.700 kilomètres, qui sa portée théorique évaluée par les experts en armement.

Le NORAD, qui assure la défense aérienne de l’Amérique du Nord en associant les forces aériennes américaines et canadiennes, affirme que « le premier étage du missile est tombé dans la mer du Japon » et que « les étages restants ainsi que l’engin lui-même sont tombés dans l’océan Pacifique ». Pour les Russes, le constat est quasiment identique. « Notre système de contrôle de l’espace n’a pas constaté de mise en orbite d’un satellite nord-coréen. Selon nos informations, il n’y est tout simplement pas » a indiqué à l’agence Interfax un responsable de l’état-major russe.

Même si l’engin a survolé une partie de la mer du Japon, la défense antimissile que Tokyo avait déployée n’aura donc pas eu à fonctionner, sans doute par souci de ne pas envenimer les choses, comme l’avait laissé entendre le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, lors d’un entretien accordé à Fox News le 29 mars dernier.

Cependant, la Corée du Nord peut compter sur le soutien de la Russie et de la Chine. Au terme de trois heures de discussions, le 5 avril, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas pu se mettre d’accord sur un texte condamnant le lancement effectué par Pyongyang, Russes et Chinois s’étant abstenus de critiquer l’attitude du régime de Kim Jong Il pour lancer un appel « à la retenue » aux différents protagonistes.

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