La piraterie a eu le vent en poupe en 2008

Selon les chiffres du Bureau maritime international repris par le rapport du secrétaire général des Nations unies soumis en application de la résolutin 1846 du Conseil de sécurité, publié le 16 mars, le nombre d’actes de piraterie s’est élevé à 293 en 2008, ce qui représente une hausse de 11% par rapport à l’année précédente où 263 incidents de ce type avaient été recensés.

Ainsi, ce sont près de 49 navires qui ont été détournés, avec 889 membres d’équipage pris en otage par les pirates. Le bilan fait également état de 32 marins blessés par balle et de 11 tués. Sur les 293 attaques, 139 ont été réalisées avec l’usage d’armes automatique et de lance-roquettes (72 en 2007).

Si certaines zones habituellement touchées par la piraterie, comme le détroit de Malacca et l’Indonésie, ont connu une relative accalmie en 2008, c’est loin d’être le cas des côtes nigérianes, qui ont connu 40 attaques ayant officiellement l’objet d’un signalement officiel – une centaine d’autres auraient été commises – et bien évidemment celles de la Somalie et du golfe d’Aden, où 111 incidents ont été recensés, soit une hausse de 200% par rapport à 2007.

Par ailleurs, deux réseaux principaux de piraterie ont été formellement identifiés en Somalie. « Il apparaît que les groupes de pirates les plus importants aujourd’hui sont implantés dans les communautés de la pêche sur la côte somalienne, particulièrement dans le nord-est et le centre de la Somalie et que leur organisation est le reflet des structures sociales claniques » de ce pays, affirme le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans le rapport.

Ces deux groupes sont respectivement basés dans la région du Puntland et dans celle de Mudug. Le premier, appelé « groupe de Eyl », aurait perçu près de 30 millions de dollars de rançons en 2008 et bénéficierait de la complicité de « membres de l’administration de Puntland ». A la fin de l’année de dernière, 6 bateaux et leurs équipages étaient encore entre ses mains.

Le second, baptisé simplement « réseau de Mudug », plus précisément implanté à Xaradheere, est contrôlé par le clan Suleiman-Habar. C’est lui qui est à l’origine de l’araisonnement du cargo ukrainien « Fainia », qui avait des chars de fabrication russe à son bord. Ce dernier a été libéré le 5 février dernier contre une rançon de 3,2 millions de dollars.

« Il est largement admis que certains de ces réseaux rivalisent à présent avec les autorités somaliennes en termes de capacités militaires et de ressources » a encore indiqué Ban Ki-moon.

Cependant, cette hausse des actes de piraterie au large de la Somalie, qui a culminé en septembre 2008 avec 19 attaques, a été freinée par les différentes opérations navales qui sont menées depuis novembre, comme par exemple la mission Atalante de l’Union européenne, et qui sont chargées de protéger les convois du Programme alimentaire mondial et le commerce maritime qui transite dans cette région.

Selon un rapport de l’armée américaine présenté le 5 mars devant le comité des Forces armées du Congrès, le taux d’attaques réussies est passé de 64% en octobre à 17% en février dernier. Le document, qui s’appuie sur les bilans des différentes « task forces » déployées (CTF-150 et CTF-151 d’origine américaine, Atalante, opérations des marines russe et indienne), indique que 250 pirates ont été interpellés et que 28 bateaux ont été neutralisés « Les capacités des pirates ont été affectées par les efforts de la coalition » a ainsi estimé le vice-amiral Gortney, le commandant de la 5e Flotte de l’US Navy.

« Ces opérations militaire permettent de garantir durablement la sécurité de la navigation internationale au large des côtes somaliennes, y compris la sécurité à long terme des convois maritimes du Programme alimentaire mondiale effectuant des livraisons en Somalie » a, pour sa part, estimé le secrétaire général de l’ONU.

« A long terme; la question des actes de piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes ne sera résolue que par une approche intégrée permettant de mettre un terme au conflit et de s’attaquer à l’absence de gouvernance et de moyens de subsistance pour ceux qui vivent en Somalie » a-t-il encore affirmé.

Photo : (c) Marine nationale

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