L’Eufor Tchad/RCA passe la main

Le récent mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crime contre l’humanité au Darfour n’est pas de nature à faire en sorte que le Soudan soit mieux disposé à l’égard de la communauté internationale, et à commencer par son voisin du Tchad.

Ainsi, l’hypothèse de nouvelles attaques de rebelles visant le régime en place à N’Djamena et soutenues en sous-main par Khartoum ne sont pas à exclure. De même que le Tchad et la Centrafrique pourraient également être à nouveau destabilisés par un nouvel afflux de réfugiés en provenance du Darfour après l’expulsion de 13 ONG internationales engagées dans cette région soudanaise.

C’est donc dans ce contexte que, le 15 mars, la force des Nations unies, la MINURCAT, de 5.200 hommes, a relevé celle de l’Union européenne, l’EUFOR, qui avait été déployée au Tchad et en Centrafrique en 2008, avec le mandat de protéger les réfugiés du Darfour et de faciliter les actions des organisations humanitaires.

Cependant, sur les 3.300 hommes de l’EUFOR, près de 2.000 resteront encore sur place et porteront le béret bleu des Nations unies, jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par des soldats népalais et africains. C’est notamment le cas pour 850 militaires français sur les 1.600 qui ont été déployés dans le cadre de la mission européenne.

Le bataillon logistique français soutiendra à la fois la montée en puissance de la MINURCAT et le retrait progressif de l’EUFOR, les 200 soldats français du bataillon centre seront relevé par une unité ghanéenne d’ici à l’été prochain, tout comme le détachement de Birao, qui quant à lui, sera remplacé par un contingent togolais. Enfin, 300 militaires français resteront engagé au sein de la MINURCAT jusqu’à la fin de l’année 2009.

Dans une déclaration daté du 17 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU a salué « le succès » de l’EUFOR, et « le soutien qu’elle a apporté aux activités de l’ONU (…) et sa contribution à la sécurisation de la fourniture d’aide humanitaire, ainsi que la sécurié et la stabilité dans sa zone d’opération ».

Pendant un an, l’EUFOR a conduit plus de 2.000 patrouilles, visité 1.300 villages et mené plus de 250 missions de sécurisation, dans une zone d’une superficie de près de 225.000 km2. La sécurité sur le terrain s’est améliorée, l’ONU ayant recensé 160 incidents en 2008 contre 280 pour l’année précédente. Par ailleurs, les militaires de la force européenne ont assuré la protection des convois d’aide humanitaire et on permis le retour de 10.000 personnes déplacées dans 22 villages.

Si ce bilan a été salué par le Conseil de sécurité des Nations unies, il a été décrié par l’ONG Oxfam. « Nous ne considérons par l’EUFOR comme un succès » a ainsi lancé son responsable, Roland Van Hauwerneiren. Ce dernier a estimé qu’elle n’avait pas été en mesure d’empêcher « 7.000 recrutements forcés dans les camps, 25 attaques par mois contre des humanitaires et trois morts (humanitaires) l’an passé. »

Enfin, l’armée française a déploré la mort d’un des siens au cours de cette mission. En effet, le 3 mars 2008, l’adjudant Gilles Polin, du 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (RPIMa), perdait la vie dans un accrochage avec un groupe armé alors qu’il effectuait une mission de reconnaissance pour le compte de l’EUFOR.

Photo : Patrouille à cheval de l’EUFOR (c) EMA

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