Licorne : Fin de l’enquête concernant l’affaire Mahé

Le 13 mai 2005, dans la région de Man, à l’ouest de la Côte d’Ivoire, un certain Firmin Mahé est interpellé par des militaires français appartenant au 13e Bataillon de Chasseurs Alplins (BCA). Considéré comme étant un « coupeur de route »  alors recherché pour plusieurs crimes et viols, cet homme est blessé légèrement à la jambe lors de son arrestation.

Mais, bien que sa blessure soit superficielle, Firmin Mahé n’arrivera jamais à l’hôpital militaire de Man où il aurait dû être soigné. Ce ne sera que bien plus tard, en octobre 2005, que seront révélées les circonstances exactes de sa mort. En effet, il aurait été étouffé à l’aide d’un sac en plastique alors qu’il se trouvait à bord d’un véhicule blindé de l’armée française.

Le Tribunal aux armées de Paris, seul compétent pour instruire les délits commis par des militaires français à l’étranger, est saisi de l’affaire. Le général Poncet, un offcier parachutiste des Troupes de marine, alors commandant de l’opération Licorne au moment des faits, est suspendu par le ministre de la Défense d’alors, Michèle Alliot-Marie, pour « manquements graves à la loi, aux règlements militaires et aux ordres. » Quelques mois après le bombardement de Bouaké (9 militaires français tués) et les émeutes antifrançaises qui ont suivi, l’officier n’aurait pas souhaité faire de la publicité autour de cette bavure afin d’éviter des manifestions ivoiriennes.

Quoi qu’il en soit, le général Poncet et son adjoint, le général Renaud de Malaussène ont reçu tous les deux un blâme quelques semaines plus tard, ce qui devrait les priver d’exercer un commandement futur.

Cependant, le général Poncet a été mis en cause par le colonel Eric Burgaud, le chef de corps du 13e BCA à l’époque des faits. Selon ce dernier, c’est le commandant de l’opération Licorne qui aurait implicitement donné l’ordre de « supprimer » Firmin Mahé. « Faites-le transporter à l’infirmerie et prenez votre temps. Vous m’avez compris » aurait donc ordonné le général Poncet à son subalterne.

La fin de l’enquête portant sur cet assassinat d’un civil ivoirien a été notifiée par le juge d’instruction du Tribunal aux armées de Paris ce 13 mars. Les personnes impliquées dans le dossier ont désormais trois mois pour faire une demande d’investigations complémentaires, comme par exemple une reconstitution sur les lieux du drame.

Dans cette affaire, le général Poncet est mis en examen pour « complicité d’homicide volontaire », de même que le colonel Burgaud, qui a répercuté l’ordre que son supérieur de l’époque nie cependant avoir donné. Quant aux militaires présents dans le véhicule blindé dans lequel Firmin Mahé a été tué, l’adjudant-chef Raugel et le brigadier-chef Johanes Schnier sont poursuivis, depuis novembre 2005, pour « homicide volontaire » et ont effectué respectivement 7 et 5 mois de détention provisoire. Le conducteur, le brigadier-chef Lianrifou a été mis en examen pour « complicité ».

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