Disparition du colonel Déodat du Puy-Montbrun

Après les colonels Jean Deuve l’an passé et Jean Sassi le mois dernier, une autre figure des opérations spéciales nous a quittés. Le colonel Déodat du Puy-Montbrun s’est en effet éteint à l’âge de 89 ans, le 23 février, à l’Institution nationale des Invalides.

Blessé le 24 juin 1940 – soit près deux ans après s’être engagé – lors de la Campagne de France, il parvient à échapper aux mains des Allemands qui l’avaient fait prisonnier. Il rejoint par la suite la Syrie où il est recruté par l’Intelligence service britannique qui va lui confier des missions en France occupée.

Après l’invasion de la zone libre, le jeune du Puy-Montbrun prend alors contact avec le réseau « Confrérie Notre-Dame » du colonel Rémy (de son vrai nom Gilbert Renault) dont l’activité de collecte de renseignements transmis aux Britanniques avaient notamment permis l’interception du Bismarck en mai 1941 ou encore la préparation du raid sur Bruneval de février 1942.

Affecté aux Forces Françaises Combattantes (n° FFL 12881), Déodat du Puy-Montbrun fait partie du réseau Andalousie créé par le colonel François Bistos. Après plusieurs missions accomplies en France, il retourne en Angleterre où il est entraîné par les SAS avant d’intégrer la Force Jedburgh, une unité spéciale destinée à mener des opérations clandestines derrière les lignes ennemies. Il accomplit ainsi d’autres missions en France, ce qui lui vaut, à la fin de la guerre, d’obtenir la Légion d’honneur à l’âge de 25 ans.

En 1945, le jeune officier parachutiste ne quitte pas le domaine des opérations spéciales puisqu’il rejoindra en effet la composante action des services secrets français. Là, il participe à la création du centre de Cercottes (Loiret) avant de partir pour l’Indochine alors qu’il est affecté au 11ème Choc, le bras armé du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, l’ancêtre de la DGSE). A ce titre, et en même temps qu’il est l’aide de camp du Maréchal de Lattre de Tassigny, Déodat du Puy-Montbrun prend part à des opérations spéciales menées par le Groupe de Commandos Mixtes Aéroportés (GCMA), une unité rompue aux techniques de luttes anti-guerilla et dont l’existence est dûe notamment aux colonel Belleux et Fille-Lambie, tous deux membres du SDECE.

Après son séjour en Indochine, où il a obtenu 6 citations et la rosette de la Légion d’honneur pour son « courage » et son « audace légendaire », Déodat du Puy-Montbrun part en Algérie où la situation s’est tendue depuis la « Toussaint rouge », qui marque le début de l’insurrection des indépendantistes algériens. Seulement, l’officier a découvert, lors de son détachement en Asie, l’utilité de l’hélicoptère pour les opérations militaires en général – et commandos en particulier – grâce au commandant Crespin.

Chef d’escadron en 1956, Puy-Montbrun est affecté au groupe d’hélicoptère n°2 (GH2), avant d’en devenir, plus tard, le chef de corps. C’est ainsi qu’il accomplira près de 3.000 heures de vols, jusqu’en 1961. Le 29 avril 1958, il est de nouveau gravement blessé après avoir quitté son hélicoptère afin de venir en aide à une unité commando sérieusement accrochée par des combattants du FLN. Quelques mois plus tard, il est fait commandeur de la Légion d’honneur. Il n’a que 38 ans.

Il y a des hommes qui sont à l’image du personnage principal du film de Pierre Schoendoerffer, « Le Crabe Tambour » (ndlr : inspiré par le commandant Pierre Guillaume) et qui font ce qu’ils croient juste. Bien que n’ayant pas appartenu à l’OAS, ce mouvement séditieux de l’armée française qui, en 1961, tenta un putsch à Alger, le colonel Déodat du Puy-Montbrun est mis d’office en retraite, sans que cette décision ne soit justifiée. Sans doute a-t-il payé ses témoignages en faveur d’anciens camarades putschistes, comme par exemple l’adjudant Robin, poursuivis par la justice.

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