Triomphant : Des dégâts plus lourds que prévus

Le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) « Le Triomphant », qui est entré en collision avec le Vanguard, un bâtiment britannique du même type, aurait subi des dégâts plus importants que ceux annoncés au premier abord par la Marine nationale.

En effet, selon le quotidien Ouest France, outre le dôme-sonar du sous-marin français, son kiosque ainsi que sa barre de plongée tribord ont été abimés dans l’incident, qui a été par ailleurs qualifié de « hasard de circonstances extraordinaires » par Hervé Morin, le ministre de la Défense.

Les réparations nécessaires pour remettre en condition opérationnelle le SNLE s’annoncent plus longue que prévue, d’autant plus qu’il n’est pas possible, pour le moment, de le mettre en cale sèche. Cela pose en tous les cas des questions quant à la permanence de la dissuasion nucléaire française, la force océanique stratégique (FOST) ne disposant plus que de deux SNLE au lieu des quatre nécessaires à l’exécution de ses missions. Outre Le Triomphant qui est en réparation, l’Inflexible a été désarmé en 2008, en vue de la prochaine mise en service du Terrible, qui est actuellement en phase d’essais.

Par ailleurs, cet incident met le ministère de la Défense et la Marine nationale sur la sellette. L’association écologiste « Sortir du nucléaire » a ainsi accusé l’Hôtel de Brienne de mensonge par omission pour avoir initialement que La Triomphant avait heurté un container pour expliquer son retour prématuré à sa base de l’Ile-Longue. « Il apparaît donc clairement que, une fois de plus, le premier réflexe du lobby nucléaire est de cacher la vérité » a affirmé l’association. « Le nucléaire ‘transparent’ n’existe pas et n’existera jamais. Les citoyens doivent rejeter cette industrie, tant son volet civil que son volet militaire » a encore estimé l’organisation écologiste, même si, pourtant, le risque d’une explosion nucléaire lié au choc entre les deux sous-marins était quasiment nul.

L’autre accusation de mensonge vise plus précisément la Marine nationale et concerne le naufrage du chalutier Bugaled Breizh, dont un récent rapport rédigé par l’amiral en retraite Dominique Salles suggère qu’il ait pu être causé par une accrochage avec un submersible, pour le moment encore inconnu. Cette hypothèse est par ailleurs non dénuées de fondements, des cas semblables ayant été relévés par le passé, comme par exemple celui du sous-marin américain Greenville, qui, en 2001, avait coulé un bateau de pêche japonais alors qu’il était en phase de remontée rapide au large d’Hawaii

Selon les informations « secret défense » qui ont été données par la Marine au procureur en charge de l’affaire, à condition qu’il les garde pour lui, la justice française sait la position des sous-marins français au moment du drame.

D’où les soupçons de Me Christian Bergot, l’avocat des familles des marins du Bugaled Breizh, qui a estimé que la Marine nationale avait été prise en « flagrant délit de mensonge » après avoir finalement admis la collision entre les deux sous-marins. « Avec cette affaire du Trimphant, on se rend compte que l’on ne peut plus croire la Marine sur ses seules affirmations. Dans le procès du Bugaled, la Marine donne un certain nombre d’informations et parce que c’est la Marine, on pense que cela correpond à la vérité. (…) Là, on a la preuve que l’on ne peut plus croire l’état-major de la Marine sur parole » a ainsi déclaré l’avocat, le 16 février dernier.

Cette accusation a d’ailleurs été une nouvelle fois formulée par le député socialiste du Morbihan Françoise Olivier-Coupeau dans une lettre adressée au ministre de la Défense. « Je suis particulièrement étonnée du silence qui a entouré l’accident de notre SNLE et je pense que cet évènement n’a pu que rouvrir la douleur et les interrogations des parents des victimes du Bugaled-Breizh » écrit-elle. « La vérité n’a éclaté que lorque l’accident a été révélé par la presse britannique. L’on peut alors s’interroger sur le mystère qui entoure le naufrage du chalutier Bugaled-Breizh, et sur la crédibilité des réponses apportées aux familles des victimes » poursuit la parlementaire qui se pose la question de savoir si le bateau de pêche n’aurait pas été « aussi victime d’une collision ‘inimaginable’ avec un sous-marin ».

Photo : Le Triomphant (c) Marine nationale

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