Assassinat d’un général en Azerbaïdjan

Commandant des forces aériennes de l’Azerbaïdjan et vice-ministre de la Défense, le général Raïl Rzaïev a été assassiné le 11 février au matin alors qu’il se trouvait en plein centre de Bakou, la capitale du pays.

Plusieurs hypothèses peuvent être formulées pour expliquer ce meurtre. Une des principales pistes concerne la corruption qui gangrène l’armée azerbaïdjanaise, selon l’International Crisis Group, le pays ayant a quadruplé en 5 ans ses dépenses militaires pour atteindre actuellement 1,5 milliards de dollars, grâce notamment à la manne pétrolière. Or, le général Rzaïev, qui était à la tête des forces aériennes depuis 1992, jouait un rôle central dans la politique d’acquisition des matériels de l’armée de l’air et de la défense antiaérienne.

Par ailleurs, la Russie avait proposé aux Américains d’utiliser la station radar de Gabala, situé en Azerbaïdjan et proche de l’Iran, dans le cadre du projet de bouclier antimissile. Et celui qui était chargé de ce dossier à Bakou n’était autre que le général Rzaïev. Et il à noter que l’assassinat de ce dernier coïncide avec la reprise en main implicite par la Russie des pays de l’Asie centrale qui étaient autrefois dans le giron soviétique.

Or, depuis quelques années, Moscou et Washington se livrent une guerre d’influence dans le pays, dont la politique extérieure se caractérise par un rapprochement avec les occidentaux. Ainsi, au même titre que la Géorgie et l’Ukraine, l’Azerbaïdjan est un accroc à la volonté russe de préserver son « Etranger proche ».

En toile de fond, les sujets de contentieux entre l’Azerbaïdjan et la Russie ne manquent pas. Il y a tout d’abord la question du Nagorny-Karabagh qui a tourné en un conflit « gelé » avec l’Armenie, qui est membre de l’Organisation du traité de sécurité collective (ODKB), contrôlée par Moscou . Or, Erevan a récemment acheté des armes à la Russie, ce qui n’a pas eu l’heur de plaire à Bakou.

Outre ce point de friction, il y a également la question du projet de gazoduc Nabucco qui permettrait d’acheminer du gaz d’Azerbaïdjan vers l’Europe centrale sans passer par la Russie. Inutile de dire que cela n’est pas vu d’un très bon oeil du côté de Moscou puisque si ce chantier aboutit (il devrait commencer en 2010), les Européens seraient, à terme, en mesure de gagner en indépendance énergétique par rapport à la Russie, qui perdrait ainsi un de ses moyens de pression à l’égard des Occidentaux. C’est ce qui explique la raison pour laquelle Moscou porte le projet South Stream, alternatif au gazoduc Nabucco.

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