Le Pakistan a servi de base arrière aux terroristes de Bombay

Le 4 février dernier, le secrétaire indien aux Affaires étrangères, Shivshankar Menon, a explicitement accusé pour la première fois l’Inter-services intelligence (ISI, les services secrets pakistanais) d’avoir participé à l’organisation des attentats de Bombay de novembre (164 morts).

« Les organisateurs (de ces attaques) sont et demeurent des clients et des créations de l’ISI » a-t-il ainsi affirmé lors d’un discours prononcé à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Cette déclaration fait suite à celle du Premier ministre indien, Manmohan Singh, qui avait évoqué le rôle « d’agences officielles » pakistanaises mais sans accuser directement l’ISI.

En janvier, l’Inde avait produit des preuves « accablantes » selon lesquelles les attentats de Bombay avaient été organisés au Pakistan, avec « probablement » la bienveillance de responsables locaux.

Bien évidemment, Islamabad a nié, dans un premier temps, le fait que les attaques de Bombay puissent avoir été planifiés et conduites à partir de son territoire et que ses services soient impliqués. Pourtant, l’enquête menée par NewDelhi a désigné le Lashkar-e-Taïba, un groupe terroriste pakistanais à l’origine d’autres attentats sanglants en Inde et qui est très actif au Cachemire, un territoire disputé par les deux puissances régionales depuis leur indépendance.

En décembre, une opération de l’armée pakistanaise avait permis d’arrêter une quinzaine de personnes appartenant à la fondation Jamaat-ud-Dawa, c’est à dire l’aile politique du Lashkar-e-Taïba. Pour autant, Islamabad a toujours considéré, jusqu’à présent, les militants de ce groupe terroriste comme des « apatrides », pour reprendre l’expression employée par le président pakistanais, Asif Ali Zardari, sur CNN.

Cependant, le Lashkar-e-Taïba, soutenu par l’ISI lors de sa création dans les années 1990 au Pendjab pakistanais, avait été interdit par le général Pervez Musharraf, le prédécesseur d’Asif Ali Zardari, après l’attaque du Parlement national indien en 2001.

Finalement, le directeur du ministère pakistanais de l’Intérieur, Rehman Malik, a admis, pour la première fois, que « le complot » qui a visé l’Inde « a été en partie ourdi au Pakistan. » Ainsi, selon les services de Rehman Malik, les terroristes qui ont frappé Bombay sont bel et bien partis du Pakistan, à bord d’embarcations dont la trace a pu être retrouvées. Une de leurs caches a été perquisitionnés dans le port de Karachi.

Par ailleurs, le responsable pakistanais a indiqué que six des « cerveaux organisateurs » des attentats ont été mis sous les verrous pour « complicité, complot et planification » des attaques de Bombay. Deux autres personnes accusées des mêmes charges n’ont pas encore été appréhendées par la police.

Parmi les terroristes présumés interpellés, un certain Hammad Amin Sadiq passe pour être à l’origine de l’organisation des attentats. Les policiers ont pu remonter jusqu’à lui après avoir identifié la boutique qui lui avait vendu un moteur pour un des bateaux ayant servi aux assaillants de Bombay. De plus, la police aurait mis en évidence que des fonds auraient été transférés d’Espagne et d’Italie pour financer l’opération terroriste. Enfin, selon des médias pakistanais qui citent les résultats préliminaires de l’enquête, les attaques de Bombay auraient été coordonnées à partir de l’Autriche, des cartes SIM d’origine autrichienne ayant été retrouvées par les enquêteurs. Seulement, Vienne a indiqué ne pas disposer d’éléments permettant de confirmer cette piste.

Quoi qu’il en soit, New Delhi a qualifié de « positif » l’aveu des autorités d’Islamabad, tout en les appelant à démanteler « l’infrastructure du terrorisme ». D’autant plus que les groupuscules terroristes pakistanais ne sont pas les seuls à menacer la sécurité de l’Inde. En effet, le 10 février, le responsable d’al-Qaïda en Afghanistan, Moustafa Abou al Yazid, a prévenu que les Indiens « paieront un lourd tribut si ils attaquent le Pakistan ».

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