Le père de la bombe atomique pakistanaise libéré

Le docteur Abdul Qadeer Kahn, le père de la bombe atomique pakistanaise, avait admis, en février 2004, sa participation à un trafic de technologies nucléaires à destination de pays peu recommandables sur la scène internationale, tels que la Lybie, l’Iran et la Corée du Nord.

« Les enquêtes ont établi que plusieurs des activités (de prolifération) dénoncées se sont produites et qu’elles ont inévitablement été initiées sous ma direction. Dans mes entretiens avec les responsables gouvernementaux, j’ai été confronté avec les preuves et les informations dont j’ai volontairement admis la véracité et la précision », avait-il alors déclaré lors d’un passage à la télévision.

Conséquence de cette confession : bien que l’ancien président Musharaf lui ait accordé un pardon, le docteur Kahn, qui est un héros national au Pakistan, avait été placé en résidence surveillée. Cette restriction aura finalement duré cinq ans puisque la justice pakistanaise lui a rendu sa liberté, le 6 février dernier, soit seulement trois semaines après que le département d’Etat américain ait décidé de sanctionner une douzaine de personnes et de sociétés proches – ou ayant des liens – avec celui qui est surnommé le « docteur Folamour », en référence du film de Stanley Kubrick.

Pour la diplomatie américaine, cette mesure a été prise afin de de « rester vigilant » et de « s’assurer que les associés de A.Q Kahn et ceux qui cherchent à se livrer à des activités similaires de prolifération, ne deviennent pas une source future d’informations ou d’équipements nucléaires sensibles, » même si le réseau du scientifique pakistanais « n’est plus en état de fonctionner ».

« Ces sanctions contribueront à empêcher que ces entités ne se livrent à (…) de la prolifération et serviront d’avertissement à d’éventuels candidats à la prolifération », avait encore ajouté le département d’Etat.

Cependant, cette « libération » a été jugée « fâcheuse » par les Etats-Unis pendant que la France s’est déclarée « un peu préoccupée » tout en espérant que « les activités de prolifération de M. Kahn et de son réseau dans le passé sont absolument terminées. » Or, sur ce point, le département d’Etat américain, n’en est pas absolument certain. En effet, un porte-parole de la diplomatie américaine, Gordon Duguid, a estimé que le « docteur Folamour » représente « encore un risque grave de prolifération. »

Une des raisons qui nourrit l’inquiètude des chancelleries occidentales a trait à l’affaire de l’ingénieur suisse Marco Tinner. Ce dernier, qui a été arrêté, avait la particularité d’appartenir au réseau du docteur Kahn tout en travaillant dans le même temps pour la CIA, l’agence de renseignement américaine. Avant son arrestation, et alors qu’il se trouvait aux Emirats arabes unis, Marco Tinner aurait fait des copies des informations, concernant ses activités de trafiquant, contenues dans les disques durs de ses ordinateurs . Problème : personne ne sait à qui ces documents étaient destinées.

Cela étant, la libération du docteur Kahn est avant tout un acte politique de la part d’Islamabad. Le Pakistan voit en effet d’un mauvais oeil les facilités accordées par les Etats-Unis à son rival de toujours, c’est à dire l’Inde, dans le domaine du nucléaire sans que New Delhi ait eu à accepter le Traité de non-prolifération (TNP).

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