Alerte aux bombardiers russes

A la fin du mois de janvier dernier, les forces aériennes russes ont participé à de grandes manoeuvres navales dans l’Atlantique. Ainsi, 6 bombardiers Tupolev 95MC (TU-95 « Bear »), 8 Tupolev 22M3 supersoniques (TU-22 M3 « Blackfire ») ainsi que deux avions radar A-50 « Mainstay » (la version russe de l’AWACS américains) ont effectué « des missions de reconnaissance », des simulation de « frappes sur les groupes aéronavals » et de « combats aériens », ainsi que des « patrouilles aériennes. »

L’activité des aviateurs russes n’en est pas restée là car, dans la nuit du 3 au 4 février, deux TU-95 « Bear » ont été signalé au-dessus de la mer de Norvège. Même si, selon le lieutenant-colonel Vladimir Drik, des forces aériennes russes, les deux bombardiers ont effectué leur douze heures de vol « conformément aux règles internationales d’utilisation de l’espace aérien au-dessus des eaux neutres, sans violation des frontières d’autres Etats », ils ont néanmoins mis en alerte aviateurs des pays concernés par le tracé de la patrouille.

En effet, les appareils russes ont reçu la visite de F-16 danois et norvégiens, ainsi que d’Eurofighter « Typhoon » de la Royal Air Force (RAF). Ce genre d’incident arrive régulièrement depuis 2007, année où la Russie a remis au goût du jour les patrouilles de ses bombardiers au-dessus de l’Atlantique-nord, qui n’avaient plus lieu d’être depuis la fin de la guerre froide.

Pendant cette période, ces patrouilles pouvaient se justifier par l’intérêt stratégique que présentait l’Arctique. La banquise pouvait être en quelque sorte considérée comme un trait d’union entre les deux puissances concurrentes. D’où les dispositifs placés dans la région par l’Otan afin de détecter une éventuelle menace soviétique, comme par exemple les balises SOSUS, censés repérer les sous-marins adverses.

Or, depuis quelques mois, l’Arctique, qui avait perdu de l’intérêt à cause de l’effondrement de l’Union soviétique, est redevenu très intéressant pour au moins trois raisons qui peuvent expliquer, sinon justifier, les longues patrouilles de bombardiers russes au-dessus de l’Atlantique nord.

Premier point, le Groenland, et plus précisément la base aérienne américaine de Thulé, devrait être un des maillons du bouclier antimissile américain, dont l’avenir paraît cependant incertain avec la nouvelle administration en place à Washington. Deuxième point, le réchauffement climatique permettrait, la diminution de la calotte glaciaire aidant, d’ouvrir de nouvelles routes maritimes plus courtes reliant, par exemple, l’Europe et l’Asie. Enfin, l’Arctique semble prometteur en ressources énergétiques, minières et halieutiques.

Photo : TU-95 MC « Bear » de l’époque soviétique

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