Paris négocie sa réintégration dans la structure militaire de l’Otan

Plus de quarante ans après s’en être retirée, la France réintégrera, selon toute vraisemblance, la structure militaire de l’Otan. L’annonce officielle de ce retour sera faite par le président Sarkozy lors du prochain sommet de l’Alliance atlantique, qui se tiendra les 3 et 4 avril prochain à Strasbourg-Kehl et qui marquera le 60e anniversaire de l’organisation.

L’avancée de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) était une des conditions préalables posées par Paris pour réintégrer pleinement la structure militaire de l’Otan. Malgré le refus britannique de créer un quartier général européen , la présidence française de l’Union européenne (UE), qui s’est terminée en décembre dernier, a permis à la PESD d’accomplir quelques progrès, notamment au niveau naval et du transport aérien militaire.

La promesse d’une réintégration pleine et entière de la France au sein de l’Otan a sans doute permis ces quelques avancées de la défense européenne. Cette dernière était en effet perçue comme une tentative française de concurrencer l’Alliance atlantique, à laquelle sont attachés les anciens pays du bloc de l’Est, aujourd’hui membres de l’UE.

Un autre condition posée par la France pour son retour est l’assurance d’obtenir des responsabilités au sein de l’Otan. Ainsi, selon le blog Secret Défense, Paris obtiendrait le Commandement suprême allié chargé de la transformation des forces de l’Otan (ACT) situé à Norfolk en Virginie et le Commandement conjoint de la Force de réaction rapide de l’Otan (NRF), installé à Lisbonne (Portugal).

Même si les quotidiens Le Monde et Le Figaro ont confirmé cette information, la France n’a pour l’instant pas la garantie formelle que ces deux commandements lui reviendront. « Tout ce que l’on peut dire aujourd’hui, c’est que ce sont deux postes que les Etats-Unis sont prêts à lâcher et que la France est prête à occuper », tempère-t-on du côté de l’Otan, où l’on explique que « la France n’est pas forcément seule sur les rangs et les discussions sur la révision des effectifs des états-majors ne sont pas terminées, les 28 nations concernées devant rendre leur premier avis sur la question d’ici une quinzaine de jours ».

En tous les cas, les exigences françaises ont des chances raisonnables d’aboutir, contrairement à ce qu’il s’était passé lors d’une précédente tentative de rapprochement avec l’Otan après l’élection de Jacques Chirac à la présidence de la République. A l’époque, Paris avait entre autre demandé à ce que le commandement de la zone Sud de l’Alliance, situé à Naples, soit exercé par un officier général européen. Bien évidemment, étant donné que ce dernier aurait eu une autorité sur la VIe Flotte américaine en Méditerranée, Washington avait refusé.

Par ailleurs, à partir du 1er juillet 2009 et jusqu’au 10 janvier 2010, le Commandement des opérations spéciales (COS) sera à la tête de la composante SOF (Special Operations Force) de la Nato Response Force (NRF). Ainsi; la France fournira la moitié des effectifs de la SOF, ainsi que des moyens navals et aériens composés de deux avions-cargo appartenant à l’escadron de transport 3/61 « Poitou » et des hélicoptères du DAOS.

Photo : Affiche du syndicat étudiant de gauche UNEF – Ironie de l’histoire, c’est de la gauche que viennent les principales réticences au retour de la France au sein de l’Otan, que le général de Gaulle avait décidé de quitter en 1966.

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