Inquiétudes après le premier lancement iranien d’un satellite

L’Iran a annoncé, le 3 février, avoir procédé, pour la première fois, à la mise sur orbite d’un satellite de conception totalement nationale, appelé Omid (espoir en persan), d’une masse de 27 kg. Le lanceur utilisé, une fusée Safir-2, ressemble étrangement à un missile balistique Shahab-3 auquel on aurait ajouté un étage supplémentaire, développé à partir d’un modèle nord-coréen.

L’évolution des capacités spatiales de Téhéran combinée à son programme nucléaire, fortement soupçonné d’avoir des visées militaires, préoccupe la communauté internationale. En effet, il est à craindre que Téhéran cherche à développer des missiles balistiques – ce qui lui est interdit par la résolution 1708 des Nations unies – sous couvert de mener des recherches dans le domaine des lancements spatiaux civils.

Ainsi, la France a exprimé son inquiètude de voir que la technologie utilisée pour le lancement du satellite Omid est « très similaire » à celle des missiles balistiques. « Ce test souligne et illustre nos profondes préoccupations sur les intentions de l’Iran » a de son côté estimé la Grande-Bretagne, par la voix de Bill Rammell, le sous-secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères. Pour les Etats-Unis, ce tir « pourrait aboutir au développement d’un missile balistique ». « C’est pour nous un motif de grande préoccupation » a déclaré Robert Wood, un porte-parole du déparement d’Etat américain.

En ayant le savoir faire nécessaire pour placer un objet en orbite, l’Iran serait donc en mesure de développer des missiles balistiques ayant une portée de 2.000 à 3.000 km, ce qui menacerait non seulement la sécurité d’Israël – que le président iranien Ahmadinejad a promis de « rayer de la carte » – mais aussi celle d’une partie du sud de l’Europe.

« Il faudra plusieurs jours à nos différents pays pour recouper l’information », a cependant tempéré un responsable de l’Otan. L’Allemagne s’est également abstenu de tout commentaire sur le lancement, estimant qu’il fallait d’abord « l’évaluer ».

Par le passé, les annonces iraniennes ont en effet eté accueillies avec scepticisme. Le 4 février 2008, à l’occasion de l’inauguration du centre spatial de Semnan dans le nord du pays, Téhéran avait lancé une première fusée « spatiale » Kavoshgar-1 supposée capable d’atteindre l’altitude de 200 km. La France avait alors à l’époque mis en doute l’affirmation iranienne en faisant valoir que l’engin « ne disposait pas de capacités extra-atmosphériques. »

Ci-dessous : les images du lancement de la fusée Safir-2

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