Le général Aussaresses fait condamner la France

En avril 2001, le général Paul Aussaresses, âgé aujourd’hui de 90 ans, avait été le centre d’une polémique après la publication de son livre « Services spéciaux, Algérie 1955-1957 » dans lequel il reconnaissait – et sans exprimer de remords – l’usage systématique de la torture par l’armée française lors de la bataille d’Alger, avec la complicité du pouvoir politique de l’époque. Il avait reconnu avoir pendu, en 1957, Larbi Ben M’Hidi, un haut responsable du FLN, et avoir fait excuter Ali Boumendjel, un avocat.

Face à ses révélations, les états de service du général Aussaresses n’avaient pas pesé bien lourd dans la décision de Jacques Chirac, alors président de la République, de l’exclure, en juin 2005, de l’ordre de la Légion d’honneur.

Poursuivi pour « apologie de crimes de guerre et complicité », le général Aussaresses avait en effet été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à 7.500 euros d’amende en janvier 2002. La peine avait été confirmée en 2003 puis en 2004 où un pourvoi en cassation avait été rejeté. Ses éditeurs du livre, Xavier de Bartillat et Olivier Orban, avaient également été sanctionnés à verser 15.000 euros chacun.

Cette affaire a connu un dernier rebondissement le 15 janvier dernier. En effet, la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg a estimé que la condamnation du général Aussaresses constituait une violation du droit à la liberté d’expression.

Les juges ont en effet considéré que l’absence de « distance par rapport à ces pratiques atroces » de la part du général Aussaresses est un « élément à part entière de ce témoignage » et que son livre est « d’une singulière importance pour la mémoire collective. » Quant aux éditeurs, ils se sont accorder 33.000 euros à titre de dédommagement matériel.

Pour Xavier de Bartillat, « l’histoire l’emporte sur les faux-semblants et le politiquement correct ». Il compte d’ailleurs rééditer le livre par lequel le scandale est arrivé dans la collection Tempus, avec un texte signé par un historien pour mettre les propos de l’officier en perspective.

Quant au général Aussaresses, il a l’intention d’entreprendre des démarches pour récupérer sa Légion d’honneur, « la seule chose qui compte » à ses yeux.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]