Polémiques sur des munitions utilisées par Tsahal

Le quotidien britannique « The Times » avait indiqué, dans son édition du 5 janvier dernier, que l’armée israélienne avait recours à des obus au phosphore afin de masquer l’évolution de ses soldats sur le terrain. Quelques jours plus tard, l’organisation non gouvernementale « Human Right Watch » a reproché à Tahal d’employer de telles munitions.

« Il apparaît qu’Israël utilise du phosphore blanc comme un écran de fumée, un moyen en principe permis dans le cadre du droit humanitaire international. Cependant, le phosphore blanc peut causer de graves brûlures (…). Le risque de blesser des civils est aggravé par la forte densité de la population à Gaza » a déclaré l’ONG par voie de communiqué.

Lors des opérations contre le Hezbollah au Liban, en 2006, l’armée israélienne avait également fait usage de telles bombes, de même que les forces américaines pendant l’assaut donné contre Falloujah, en Irak, deux ans plus tôt. De nombreuses armées occidentales disposent de telles munitions dans leur arsenal.

Seulement, leur emploi est encadré par le traité de Genève du 10 octobre 1980 qui interdit d’y avoir recours de manière offensive. En clair, les bombes au phosphores ne peuvent être utilisées qu’à titre de fumigènes, comme l’a d’ailleurs souligné Human Rights Watch. Il est à noter, au passage, que les Etats-Unis, Israël, la Chine et la Russie n’ont pas signé le protocole sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des armes incendiaires et que la France ne l’a fait qu’en juillet 2002, après une déclaration « interprétative ».

Mais, étant donné que la densité de la population à Gaza est importante, l’usage de ces bombes augmente le risque de dommages collatéraux et c’est justement ce que reproche l’ONG à Israël et qui justifie la demande de la France – évoquée devant la presse par le porte-parole du Quai d’Orsay – de ne pas en utiliser lors des opérations à Gaza

Le phosphore blanc provoque non seulement des brûlures graves mais peut aussi s’attaquer au foie, au coeur et aux reins des personnes qui y seraient exposées. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, les bombardements alliés avec ce type de munition avaient réduit en cendres les villes allemandes qui avaient été visées, faisant ainsi des dizaines de milliers de victimes parmi la population civile.

Par ailleurs, deux chirurgiens norvégiens de l’ONG Norwac, qui est active dans les territoires palestiniens depuis 2001, ont déclaré que l’armée israélienne utilise une arme récente, la DIME (Dense Inert Metal Explosive), composée de fibres de carbones mélangée à un alliage appelé HMTA pour Heavy Metal – Tungsten Alloy, c’est à dire du tungstène et des métaux lourds qui peuvent être, selon les modèles, du nickel, du cobalt ou du fer.

L’effet de souffle d’une arme DIME est de l’ordre d’une dizaine de mètres mais les milliers d’éclats microscopiques de tungstène peuvent faire énormément de dégâts. « A 2 mètres, le corps est coupé en deux, à 8 mètres, les jambes sont coupées, brûlées comme par des milliers de piqûres d’aiguilles » ont affirmé les deux médecins norvégiens, qui n’ont, en outre, pas eu à soigner de civils exposés au phosphore. Enfin, ces éclats seraient potentiellement cancérigène à long terme.

A ces polémiques sur les munitions qu’elle emploie, Tsahal a indiqué utiliser « des armes en conformité avec le droit international, en s’assurant de leur adéquation avec les types de combat livré et ses caractéristiques. » De son coté, le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, a déclaré par l’intermédiaire de son porte-parole que « les munitions utilisées par Israël sont similaires si ce n’est identiques à celles utilisées par toutes les démocraties occidentales y compris les états membres de l’Otan. »

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