Les visées militaires du programme nucléaire iranien

Ce n’est pas la CIA ou encore tout autre agence de renseignement américaine qui le dit. Selon le rapport d’une mission parlementaire présidée par le député socialiste Jean-Louis Bianco, il n’y aurait « plus de doute » sur les motivations militaires du programme nucléaire iranien.

« De l’avis des experts, d’ici deux à trois ans, l’Iran pourrait être en possession d’une arme nucléaire », prévient le document dans lequel sont détaillés les différents indices qui ont conduit à cette conclusion.

Ainsi, alors que les centrales nucléaires civiles utilisent de l’uranium enrichi à 3%, l’Iran s’est doté, à Natanz, de 4.500 centrifugeuses qui fonctionnent en « cascades », ce qui permet de produire de l’uranium militaire enrichi à 85%. Ces centrifugeuses ont en outre été acquises auprès du réseau clandestin du docteur A.Q Khan, le père de la bombe nucléaire pakistanaise.

« Parce qu’il met en jeu une technologie qui peut être très facilement détournée de ses fins affichées, le refus catégorique de l’Iran opposé aux demandes visant à une interruption du programme d’enrichissement est un premier indice tendant à montrer que ses visées en matière d’énergie nucléaire ne sont pas seulement civiles », note le rapport de la mission parlementaire.

Les députés ont mis l’accent sur les difficultés que rencontre l’Agence internationale à l’énergie atomique (AEIA) pour obtenir de la part de Téhéran des réponses précises et satisfaisantes sur certains aspects de son programme nucléaire. Par exemple, les autorités iraniennes sont restées évasives au sujet d’un document concernant « la production d’uranium métal », ce qui n’a aucune utilité au niveau civil mais qui en revanche n’en est pas dénué dans le processus de fabrication d’une arme nucléaire.

Le rapport cite également d’autres projets iraniens dont l’AIEA n’a pas reçu les précisions qu’elle espérait avoir, comme celui appelé « Green salt », qui « associe des recherches sur la conversion de l’uranium, des explosifs et la conception d’une tête nucléaire » ou encore celui visant « à doter certains missiles d’un corps de réentrée dans l’atmosphère pouvant emporter une charge utile importante. »

Par ailleurs, le document met ces indices en parallèle avec les différents programmes de Téhéran concernant le développement de missiles balistiques. Ceux qui sont actuellement en service dans l’arsenal iranien ne sont pas en mesure d’emporter de charges nucléaires. Cependant, « les projets poursuivis (…) sont beaucoup plus adaptés à l’emport d’une arme de destruction massive », note le rapport.

« L’Iran développe un programme balistique, notamment un missile de 2.000 kilomètres de portée sans intérêt pour des charges conventionnelles et donc toujours lié aux armes de destructions massives » a ainsi indiqué Olivier Caron, gouverneur pour la France auprès de l’AIEA, à la mission parlementaire.

Pour éviter que Téhéran devienne une puissance nucléaire, le rapport ne préconise pas le recours à des frappes militaires, « qui seraient très délicates à réaliser » et qui « ne résoudraient rien » car « l’Iran ne se priverait pas de répliquer par toues les moyens à sa disposition en utilisant ses missiles, mais aussi par l’intermédiaire de groupes activistes qu’il soutient », comme par exemple le Hezbollah au Liban ou encore les organisations chiites radicales en Irak.

Aussi, les parlementaires de la mission recommandent plutôt une « négociation large » avec Téhéran, allant au-delà du simple aspect nucléaire, afin d’avoir « l’occasion d’obtenir des engagements iraniens en faveur de la stabilité de la région. »

Enfin, le rapport estime qu’il ne faut pas empêcher l’Iran de poursuive son programme d’enrichissement de l’uranium pourvu qu’il n’ait pas des fins militaires. Pour cela, « la solution la plus sûre résiderait néanmoins dans la mise en place d’une banque du combustible, qui serait gérée par l’AIEA et garantirait la fourniture de combustible nucléaire à tous les Etats dépourvus de capacité nationale d’enrichissement en cas de problèmes avec leurs fournisseurs. »

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