Obama entend préserver la suprématie militaire américaine

Le 1er décembre, le prochain locataire de la Maison Blanche, Barack Obama, a évoqué ses intentions en matière de politique de défense. Et il n’est pas sûr que certains de ses amis politiques qui ont fait campagne en sa faveur lors de l’élection de novembre dernier, notamment ceux de l’aile gauche du Parti démocrate, soient pleinement satisfaits des orientations qu’il a fixées.

Le maintien de l’actuel secrétaire à la Défense, le républicain Robert Gates, la nomination du général James Jones au poste de conseiller à la sécurité nationale ainsi que celle d’Hillary Clinton à la tête de la diplomatie américaine indiquent qu’il n’y aura pas de rupture majeure avec la politique étrangère et militaire menée jusque là par l’administration Bush.

Lors de sa conférence de presse, Barack Obama s’est engagé à prendre les mesures nécessaires pour maintenir la suprématie militaire américaine. « Nous partageons la conviction qu’il faut que nous continuions à détenir les forces armées les plus fortes de la planète » a-t-il ainsi déclaré. « Nous continueons à réaliser les investissements nécessaires pour renforcer nos forces armées et augmenter nos forces terrestres » a-t-il poursuivi.

Comme il l’avait annoncé, les troupes de combat américaines seront retirées du théâtre irakien dans les 16 mois à venir pour être redéployées en Afghanistan. L’objectif est clair : il s’agit pour l’administration de Barack Obama de s’assurer « d’avoir les moyens et la stratégie nécessaire pour vaincre Al-Qaïda et les talibans. »

Concrètement, le futur président américain ne reviendra pas sur l’intention de son prédécesseur d’augmenter de 100.000 hommes les effectifs de l’armée américaine, qui compte actuellement 1,4 millions de militaires d’active, au cours des 10 prochaines années. Ce recrutement devrait en outre s’accompagner d’une modernisation des matériels. Ces investissements pourraient coûter environ une cinquantaine de milliards de dollars.

Seulement, avec le contexte économique actuel – les Etats-Unis sont entrés en récession – l’administration Obama sera amenée à réaliser des arbitrages, le budget de la Défense étant en progression continue depuis 2001. Ces hausses successives s’expliquent évidemment par l’intervention en Afghanistan et la présence militaire en Irak, qui coûte actuellement près de 10 milliards de dollars par mois.

Le temps d’un budget militaire que l’on pouvait croire extensible à l’infini est désormais terminé. Un désengagement de l’Irak permettra de réaliser des économies mais il est fort probable qu’elles seront en partie absorbée par le renforcement militaire en Afghanistan. Par ailleurs, il va falloir trouver des marges de manoeuvres suffisantes pour financer l’urgente modernisation de certains équipements.

Ainsi, par exemple, l’aviation américaine (US Air Force, aéronavale, Marines), qui n’a, pour l’instant, pas de rivales sérieuses, pourrait perdre sa suprématie à cause du vieillissement de ses appareils et de la hausse du coût de leur maintenance. Quelques programmes d’armement seraient ainsi menacés, ou du moins étalés dans le temps, comme l’onéreux projet de bouclier antimissile, qui n’a pas que des soutiens du côté démocrate.

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