Les inquiétudes des services de renseignement américains

Selon des responsables des services de renseignement américains cités par le Washington Post, la crise financière internationale serait susceptible, à court terme, de favoriser des actions terroristes et d’avoir des répercussions sur la sécurité de certains pays alliés des Etats-Unis au Proche et au Moyen Orient du fait d’une possible diminution de l’effort de défense et d’assistance des gouvernements occidentaux.

La situation du Pakistan, qui traverse une grave crise économique qui l’a contraint de dévaluer sa monnaie et de solliciter un prêt de la part du Fonds monétaire international, est préoccupante, le pays étant de surcroît aux prises avec une montée de radicalisme religieux et à des difficultés avec les taliban, notamment à sa frontière avec l’Afghanistan.

La chute du baril de pétrole – aux alentours de $50 après avoir atteint des sommets – serait quant à elle susceptible de destabiliser des pays dont l’économie est essentiellement basée sur la production d’or noir. Le Yémen, qui est dans ce cas, avec en plus une forte proportion de jeunes chômeurs, pourrait ainsi connaître une intensification des actions terroristes, d’autant plus que les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et autres radicaux islamistes y proliférent.

L’instabilité probable du Moyen-Orient, dans les années qui viennent, inquiète le National Intelligence Council (NIC) qui vient de publier le rapport « Global Trends 2025 – a Transformated World ». Selon les analystes de cette agence, l’un des dangers est la prolifération nucléaire dans cette région. Des pays du Moyen-Orient sont susceptibles d’acquérir des technologies pour fabriquer des armes nucléaires, de même que des groupes terroristes.

Ce dernier point est sujet à caution. La mise au point d’une telle arme est trop compliquée pour une organisation terroriste aux moyens limités, sauf si elle peut compter sur les moyens d’un Etat dit « voyou ». C’est pour cela qu’actuellement, le scénario d’un attentat à la bombe sale, c’est à dire réalisé avec un engin explosif couplé à des matières radioactives, est une des principales craintes des services de renseignement et de sécurité des pays occidentaux.

« Au cours des quinze à vingt ans qui viennent, plusieurs puissances régionales pourraient intensifier leurs efforts en ce sens et envisager activement de se procurer des armes nucléaires », note ainsi le rapport, dont les grandes lignes avaient été révélées en octobre dernier par l’amiral McConnell, le directeur du renseignement national (DNI).

Cette course à l’armement pourrait donner lieu à des frappes nucléaires « limitées » d’ici à 2025, car les pays éventuellement détenteurs de telles armes n’obéiraient pas forcément à la logique de l’équilibre de la terreur en vigueur du temps de la guerre froide. Au contraire même, cela augmenterait le risque de conflits potentiels. « Le vol ou le détournement de technologie, de matériaux et d’armes nucléaires risque d’augmenter, de même que le potentiel d’utilisation illégale de l’atome », affirment également les auteurs du rapport.

Quant au terrorisme, la menace qu’il représente n’aura pas disparu, en dépit de la possible – et probable – disparition de l’organisation al-Qaïda. Le mouvement de Ben Laden serait – pour l’instant du moins – en perte de vitesse en raison de son incapacité, estime le rapport, à fédérer des soutiens populaires dans le monde musulman. Sans doute que cette analyse a été influencée par les succès de l’armée américaine contre al-Qaïda dû pour une partie avec l’alliance nouée avec les tribus irakiennes, lassées de la violence des militants islamistes. Pour autant, il n’est pas certain que ce cas de figure puisse se retrouver au Pakistan ou encore dans les quartiers du Caire.

Mais selon le rapport, une autre organisation pourrait prendre la suite d’al-Qaïda et c’est ce qui constituera le prochain défi de la lutte anti-terroriste. De plus, les pays qui sont dans une stabilité politique précaire, comme l’Afghanistan et l’Irak, pourraient être encore le théâtre de luttes de pouvoir et d’influence d’ici à 2025, ce qui est susceptible, là encore, de nourrir le terrorisme..

Par ailleurs, et comme l’avait déjà indiqué l’amiral McConnell, l’Asie, avec notamment la Chine et l’Inde, deviendra de plus en plus influente, au point que les analystes du NIC estiment que les Etats-Unis ne seront plus assez puissants pour agir unilatéralement. Quant à l’Union européenne, et comme de précédents rapports l’avaient déjà affirmé, elle ne sera pas en mesure de jouer un rôle déterminant sur la scène internationale dans les vingts prochaines années.

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