Caporal Peugeot, premier mort pour la France

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Le 2 août 1914 au matin, une escouade du 44e régiment d’Infanterie est alertée de la présence d’un détachement de 8 cavaliers allemands du 5e Chasseurs à Cheval, alors en garnison à Mulhouse. Le climat est alors lourd en Europe. La guerre gronde, après l’assassinat de l’archiduc d’Autriche François Ferdinand, le 28 juin.

En signe de bonne volonté à l’égard de l’Allemagne, le gouvernement français avait ordonné, le 30 juillet, à ses troupes stationnées à la frontière de reculer de quelques kilométres. C’est ainsi que les hommes de la 6e compagnie 44e RI, sous les ordres du caporal Jules-André Peugeot, se trouvent dans le village de Joncherey, situé au sud du Territoire de Belfort, à 3 kilomètres environ de Delle où s’était auparavant replié le reste du régiment.

Les cavaliers allemands, aperçus par une jeune paysanne, progressent alors vers Joncherey : il est manifeste qu’ils ont sciemment franchi la frontière pour effectuer une mission de reconnaissance en territoire français. Les hommes du 5e Chasseurs à cheval sont en effet commandés par le sous-lieutenant Camille Mayer, un jeune alsacien de 20 ans, originaire d’Illfurth, qui connaît bien le secteur.

Le premier coup porté sera contre un soldat français. Un des fantassins de l’escouade du caporal Peugeot reçoit un coup de sabre qui entaille sa capote. Le gradé du 44e RI fait les sommations d’usage et reçoit en retour une balle tirée par l’officier allemand qui le blesse mortellement. Mais avant de s’effondrer, le caporal Peugeot a eu le temps faire feu en direction du sous-lieutenant Mayer. Ce dernier, touché au ventre, sera tué par une balle dans la tête tirée par un fantassin français.

Ramené vers l’arrière par les hommes de l’escouade, le corps du caporal Peugeot sera étendu aux côtés de celui du sous-lieutenant Mayer. Quant au reste de la patrouille allemande, elle sera prise en chasse par un peloton du 11e Dragons, qui s’était installé à quelques centaines de mètres de l’escouade du 44e RI.

Né à Etupes, dans le Doubs, le 11 juin 1893, au sein d’un milieu modeste, Jules-André Peugeot espérait commencer une carrière d’instituteur après sa démobilisation. Le sort aura voulu qu’il soit la premier mort pour la France de cette guerre qui allait être déclarée par l’Allemagne à la France, au lendemain de sa mort. Signe d’un monde qui allait bientôt disparaître, les officiers du 44e RI s’était côtisés pour payer les obsèques du sous-lieutenant Mayer, afin de lui rendre hommage.

A la suite de ces deux premiers tués de ce que le maréchal Lyautey a appelé « la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite », près de huit millions de soldats ont perdu la vie, sans compter les blessés, dont le nombre a été évalué, seulement du côté français, à plus de 4 millions.

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