Coups durs pour Al-Qaïda en Irak

La branche irakienne d’Al-Qaïda a subi deux cinglants revers au cours du mois d’octobre en perdant deux de ses responsables. En effet, le 3 octobre, Maher Ahmad al-Zoubaïdi, alias Abou Assad ou Abou Rami, « émir présumé de la zone de Russafa », c’est à dire la partie Est de Bagdad, a été tué lors d’une opération de l’armée américaine dans le quartier sunnite d’Azamiyah.

Selon le commandement américan, Zoubaïdi s’est serait surtout pris à la communauté chiite en organisant, de 2006 à 2007, contre elle de nombreux attentats au mortier et à la voiture piégée, dont l’un a fait 200 morts, le 23 novembre 2006, dans le quartier de Sadr City. Il est aussi soupçonné d’être impliqué dans des enlèvements et d’avoir exécuté des otages dont les films des meurtres ont circulé sur Internet. Il aurait décapité un diplomate russe, kidnappé avec trois de ses collègues – également assassinés – en juin 2006.

Zoubaïdi était membre du groupe islamiste Ansar al-Sunna, avant de rejoindre, en 2004, la branche irakienne d’Al-Qaïda et de devenir « l’émir » de la zone de Russafa en 2007. Repéré sur la base de renseignements, il a été tué lors d’un échange de tirs à l’arme légère, après que les soldats américains l’ait sommé de se rendre. Cependant, sa mort n’a pas apparemment pas encore été confirmée par Al-Qaïda.

En revanche, le groupe Etat islamique en Irak, affilié au réseau de Ben Laden, a reconnu avoir perdu Abou Qaswara, dit Al Maghrebi, le numéro deux de l’organisation, lors d’une opération montée le 5 octobre dernier par les forces spéciales irakiennes et américaines. La mort de ce Suédois d’origine marocaine n’a été annoncée que le 16 octobre.

Localisé à Mossoul grâce à des renseignements obtenus par un agent infiltré au sein du groupe djihadiste, Qaswara a d’abord été blessé lors de l’assaut avant d’actionner la ceinture d’explosifs qu’il portait à la taille. Ce sont des analyses ADN qui ont permis de l’identifier formellement.

Selon le commandement américain, Abou Qaswara aurait été lié au réseau islamiste de la mosquée clandestine de Brandbergen à Stockholm, dont le responsable, un nommé Mohammed Moumou, arrivé en Suède dans les années 1980, a ses avoirs gelés par les Etats-Unis en raison de ses activités terroristes.

Cela étant, Qaswara a séjourné en Afghanistan avant de rejoindre l’Irak où il supervisait les djihadistes étrangers dans le Nord du pays. Il était en outre un proche d’Abou Moussab al-Zarqaoui, l’ancien chef de la branche irakienne d’Al-Qaïda, tué lors d’un raid aérien mené par les Américains en juin 2006 et entretenait des contacts avec de hauts dirigeants du réseau de Ben Laden en Afghanistan et au Pakistan.

Depuis 2007, Al Qaïda s’est énormément affaibli en Irak grâce à la mise en oeuvre d’une stratégie élaborée par le général américain David Petraeus. Les violences ont considérablement diminué, malgré plusieurs attentats suicides perpétrés à Bagdad ces dernières semaines. Actuellement, les djihadistes, chassés de la capitale irakienne et de la province d’Al Anbar, leur ancien fief, se sont concentrés autour de Mossoul, à 390 km au nord de Bagdad.

Le groupe Etat islamique d’Irak est donc en difficulté, d’autant plus que les combattants islamistes étrangers prisent davantage l’Afghanistan et le Pakistan que Bagdad. L’organisation serait dirigée par Abou Omar al-Baghdadi, dont on ne sait à vrai dire que peu de choses. D’après les services américains, le veritable chef serait Abou Ayoub Al-Masri, un ressortissant égyptien, comme bon nombre de cadres d’Al-Qaïda.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]