Erard Corbin de Mangoux, nouveau patron de la DGSE

Depuis l’été, tous les services de renseignement placés sous la tutelle du ministère de la Défense ont changé de directeur. Ainsi, le général Benoît Puga a succédé au général Michel Masson à la tête de la Direction du renseignement militaire (DRM) et le général Denis Serpollet a cédé son poste de directeur de la protection et de sécurité de la défense (DPSD) au général Didier Borelli. Seule la DGSE n’avait pas connu de changement. C’est désormais chose faite.

En effet, le conseiller du président Sarkozy pour les affaires intérieures, Erard Corbin de Mangoux, a été désigné, lors du Conseil des ministres du 7 octobre, pour remplacer le diplomate Pierre Brochand, l’actuel directeur de la « Piscine ».Cette nomination met un terme aux diverses spéculations qui avaient cours ces derniers temps sur les remplaçants potentiels de Pierre Brochand, qui aurait quant à lui dû quitter son poste l’été prochain.

Au final, les militaires ne récupéreront donc pas la direction de la DGSE, qu’ils ont perdu depuis 1989. Il semblerait que cette perspective n’avait que très peu de chance d’aboutir, le chef de l’Etat ne voulant pas alimenter les dissensions entre le chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, et le coordonnateur du renseignement, Bernard Bajolet, au sujet de la DRM.

Commissaire principal de la marine de 1977 à 1988, Erard Corbin de Mangoux, 55 ans, a rejoint le ministère de l’Intérieur en 1995. Sous-directeur de l’administration générale et des finances à la Direction de l’administration de la Police nationale (1999-2004), il a occupé le poste de secrétaire général de la préfecture des Yvelines de 2004 à 2006 puis celui de directeur des services du département des Hauts-de-Seine, le fief électoral de Nicolas Sarkozy, de 2006 à 2007. Ce parcours pourrait expliquer que le chef de l’Etat l’ait préféré à Bernadette Malgorn, dont le nom circulait, depuis plusieurs mois déjà, étant donné qu’elle avait le profil de la fonction.

Quant à Pierre Brochand présenté comme étant proche des milieux chiraquiens, il aura mis un terme au temps des barbouzes et autres interventions officieuses qui ont émaillé l’histoire de la Ve République (voir, par exemple, les conditions dans lesquelles ont été libérés les otages du Liban en 1988, sans porter le moindre jugement de valeur sur la personne du préfet Marchiani qui aura cependant rendu de grands services).

Ainsi, sous la houlette de Pierre Brochand, la DGSE a joué et a assumé pleinenement son rôle de service de renseignement, que ce soit dans les affaires d’otages en Irak et en Afghanistan, ou encore dans la chasse aux terroristes dans le Sahel. Désormais, et grâce à son action, la France dispose d’un service, doté de 450 millions d’euros de budget, qui a gagné en efficacité et en crédibilité, notamment pour ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. Le temps des opérations à la Rainbow Warrior ou à la « Corned Beef » est désormais loin.

Précision : Il a été écrit hier que Pierre Brochand aura été le « second directeur à être resté en place aussi longtemps, derrière le préfet Jacques Dewatre. » C’est à la fois vrai et faux. Vrai si l’on prend comme référence l’année 1982, quand le SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) est devenu la DGSE. Faux si l’on considère qu’il y a une continuité depuis la création du SDECE en 1946. Dans ce cas, la plus longue longévité à la tête de ce service revient à Alexandre de Marenches (novembre 1970 – juin 1981) , puis à Pierre Boursicot (janvier 1951 – septembre 1957).

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