L’embuscade d’Uzbeen a été revendiquée par un chef de guerre afghan

Dans une vidéo envoyée à l’agence de presse Pajhwok Afghan News, Gulbuddin Hekmatyar, le chef du Hezb-e-Islami (HIG), un parti islamiste allié des talibans, a revendiqué la responsabilité de l’embuscade d’Uzbeen du 18 août dernier et où 10 militaires français ont perdu la vie. Il a également cité les noms de dix de ses combattants tués au cours des combats et a présenté ses condoléances à leurs familles.

Cette revendication vient après celle des talibans dont quelques uns avaient été photographiés avec des effets appartenant aux militaires français tués au cours de l’embuscade. Ces clichés accompagnaient un entretien avec leur chef, un certain commandant Farouki, publié le 4 septembre par l’hebdomadaire Paris Match. En tout état de cause, cela confirmerait l’hypothèse d’une action commune entre les partisans du Hezb-e-Islami et les talibans.

Quant à Hekmatyar, il a menacé les forces de l’OTAN de nouvelles actions de guérilla tout en recommandant aux insurgés de ne pas utiliser les téléphones portables et satellitaires au cours des combats.

Ce chef de guerre est un acteur majeur de la scène afghane depuis plus d’une trentaine d’année. Né en 1947 dans la province de Koundouz, dans le nord du pays, Hekmatyar a fait des études d’ingénieurs lesquelles ont été marquées non pas par ses résultats mais par l’agression au vitriol d’une jeune fille qui refusait de porte le voile. En 1973, après la chute du roi Zaher Shah, il s’enfuit au Pakistan où il fonde le Hezb-e-Islami avec l’aide d’Islamabad. Il noue dans le même temps des relations avec le milieu militaire et celui du renseignement.

C’est en 1979 que ce Pachtoun va venir au premier plan. En effet, après l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques, Hekmatyar prend les armes, ce qui lui vaut d’être soutenu financièrement par les pays arabes sunnites et les Etats-Unis qui voyaient en lui un pion pour contrecarrer les vues du grand rival de l’époque. Il aurait ainsi empoché plusieurs millions de dollars – on parle même de centaine de millions – pour lutter contre l’armée Rouge. Sauf que certains lui reprochent surtout de s’être davantage préoccupé de combattre les factions rivales à la sienne que les troupes soviétiques.

Au début des années 1990, Hekmatyar s’oppose à l’éphémère président Mojaddedi et à son successeur, Rabbani, pendant que le tadjik Massoud combat les militants du Hezb-e-Islami pour les empêcher de prendre le contrôle de Kaboul. Pendant cette période, Hekmatyar est soupçonné d’avoir commandité plusieurs attentats, dont un ayant visé Mojaddedi. Ses troupes bombardent la capitale afghane, visant de préférence la population civile, ce qui lui vaudra d’être accusé de crimes de guerre.

Les vicissitudes de la politique afghane et la versalité des seigneurs de guerre aidant – voir le cas du général Dostum, un coup allié des soviétiques, puis du Hezb-e-Islami – Hekmatyar finit par s’allier au président Rabbani et devient premier ministre en juin 1996. Seulement, moins de deux ans plus tôt (octobre 1994), les taliban, venus du Pakistan voisin, ont entrepris la conquête de l’Afghanistan. Bien que partageant leur idéologie, Hekmatyar n’entend pas leur céder le pouvoir.

Le 26 septembre 1996, Hekmatyar est bien obligé de s’incliner : Kaboul tombe aux mains des taliban dont une des premières mesures et de pendre l’ancien président afghan, Najibullah, alors réfugié dans un bâtiment des Nations unies. Leur seule opposition véritable sera incarnée par le commandant Massoud, aidé pour la circonstance par l’opportuniste général Dostum.

Après la prise du pouvoir par les taliban, Hekmatyar s’enfuit en Iran. Il en est expulsé en 2002, c’est à dire après l’intervention de la coalition sous commandement américain en réponse aux attentats du 11 septembre. Il lance alors un appel à la guerre sainte contre les Etats-Unis et dénonce également la présence des forces étrangères en Afghanistan.

Selon lui, ses troupes auraient aidé le chef d’Al Qaïda, Oussama Ben Laden, à échapper aux Américains lors de l’assaut de Tora-Bora, à la fin de l’année 2001. En mai 2006, il déclare dans un enregistrement vidéo diffusé par Al-Jezira sa volonté de combattre sous l’autorité de Ben Laden. Actuellement, il est soupçonné de s’être allié aux taliban. Il semblerait que l’embuscade d’Uzbeen en soit une confirmation. Il est d’ailleurs inscrit sur la liste noire de l’ONU, en compagnie du Mollah Omar, l’inspirateur du mouvement taleb.

Le Hezb-e-Islami est surtout implanté dans l’est de l’Afghanistan et dans la région de Kaboul, c’est à dire dans les zones où sont déployées les forces françaises.

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