L’université d’été de la Défense sous le signe de l’Europe

Saint-Malo n’est pas seulement la ville natale de Chateaubriand : elle a été aussi le port d’attache de Jacques Cartier, le navigateur qui découvrit le Canada mais aussi celui du célébre Surcouf. Que la sixième université d’été de la Défense s’y soit déroulée les 8 et 9 septembre derniers n’a évidemment rien à voir avec le marin malouin qui a donné son nom au groupe d’officiers un temps recherché par la DPSD pour avoir critiqué les orientations fixées par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale.

Il se trouve surtout que Saint-Malo est aussi la ville où a eu lieu un sommet franco-britannique, en décembre 1998, considéré comme étant le point de départ de la défense européenne. La Grande-Bretagne y avait en effet accepté que l’UE puisse se donner les moyens « d’une capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles » afin qu’elle puisse jouer un rôle sur la scène internationale.

Etant donné que la France assure la présidence de l’Union, le choix symbolique de Saint-Malo allait de soi. D’autant plus que, justement, il a beaucoup été question d’Europe et de défense, au cours de ces deux jours. Le slogan de cette édition 2008 annonçait d’ailleurs le programme : « La défense en question, l’Europe en réponse. »

Cette université d’été a donc été l’occasion pour le ministre de la Défense, Hervé Morin, de préciser les ambitions de la France en matière de défense européenne. « Nous entendons faire en sorte que la présidence française soit le moment de la relance de la construction européenne en matière de Défense », a-t-il ainsi rappelé lors de son intervention.

Le ministre a ainsi dégagé deux grandes priorités. La première consiste à rénover « la stratégie européenne de sécurité » afin de « fixer l’ambition de l’Europe à 15 ans » aevc des « objectifs concrets et précis. » La seconde concerne « l’augmentation des capacités militaires européennes ». A ce sujet, M. Morin a évoqué l’idée d’un « groupe naval européen ».

Les quatre pays disposant de portes-avions et de portes-aéronefs, à savoir la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, et l’Espagne, pourraient ainsi « se coordonner pour des exercices communs et mutualiser la flotte » des bâtiments d’accompagnement. L’objectif, pour le ministre de la Défense, serait qu’un groupe aéronaval européen soit en mer « en permanence ».Cependant, et de l’aveu même de M. Morin, cette idée « simple » mérite « d’être encore un peu approfondie » avec les Britanniques.

Le ministre a également parlé de l’Agence européenne de défense, qu’il juge « absolument essentiel de relancer », étant donné qu’elle « n’a pas donné les résultats » espérés. Enfin, Hervé Morin, qui est par ailleurs le président du parti « Nouveau Centre », créé au lendemain de sa brouille avec les centristes de François Bayrou, s’est présenté comme l’un « des derniers hommes politiques français à penser que le cheminement politique de l’Europe » doit conduire « dans des décennies, à un schéma fédéral sui generis (ndlr: particulier). »

Depuis l’échec de la Communauté européenne de défense (CED) il y a plus de cinquante ans, l’Europe de la défense navigue entre des voeux irréalisables et de maigres avancées qui, au final, de donnent rien de bien concret. Certains pays membres de l’UE se contentent de l’OTAN, et par conséquent, du parapluie offert par les Américains, ce qui permet de pallier leurs insuffisances militaires dûes aux moyens limités qu’ils consacrent à leurs forces armées.

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